Irak: le Premier ministre Nouri al-Maliki sous le feu des critiques

Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki accumule les critiques pour sa gestion de la crise irakienne. La grogne monte au sein de son propre parti mais aussi parmi ses alliés. Les Etats-Unis et l'Iran l'appellent à donner des gages à la communauté sunnite qu'il a volontairement marginalisée. La plus haute dignité religieuse du pays, l'Ayatollah Ali al-Sistani, lui aussi, l’a critiqué. Une seule voix le soutient « totalement » : celle de Moscou.

Ali al-Sistani est la plus haute autorité religieuse du pays et il n'a pas l'habitude de s'exprimer sur la chose politique. Sa voix est d'autant plus rare qu'elle est très écoutée. C’est la deuxième fois qu'il critique le Premier ministre Nouri al-Maliki.

L'ayatollah Sistani a appelé le Premier ministre, selon ses propres mots, à la formation d'un gouvernement « efficace », qui soit acceptable à un niveau national. C’est-à-dire, un accord qui satisfasse à la fois les chiites, les Kurdes et les sunnites. Un geste que Nouri al-Maliki n'a pas voulu réaliser, puisque la guerre s'explique par la colère de la communauté sunnite que le Premier ministre a volontairement marginalisée.

L'ayatollah Sistani avait rompu une première fois, il y a quelque jours, son silence en appelant la population à prendre les armes pour défendre l'unité du pays. Cette fois, il a déclaré que « Si l'EIIL n'est pas combattu et chassé d'Irak, tout le monde le regrettera demain, quand les regrets n'auront plus de sens ». Il semblerait en tout cas que Nouri al-Maliki ne fasse plus parti de la solution mais soit à la base du problème. Vainqueur des élections législatives en avril dernier, l'homme n'est pourtant pas déterminé à quitter le pouvoir.

En soutenant Maliki, le Kremlin cible les Etats-Unis

Alors que François Hollande et Barack Obama ont souligné la nécessité de l'instauration « d'un gouvernement d'union nationale » en Irak, le président russe Vladimir Poutine a assuré le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, du « soutien total » de la Russie dans le combat contre l'offensive des jihadistes.

« La Russie soutient les efforts du gouvernement irakien visant à libérer le territoire de la république des terroristes », a indiqué la présidence russe dans un communiqué. Le Kremlin souligne que « l'activité des extrémistes menant des combats sur le territoire de la Syrie a acquis un caractère transnational et représente une menace pour toute la région ».

Pour la Russie, l'avancée des insurgés en Irak illustre l'échec « total » de l'intervention militaire américaine dans ce pays. Moscou craint qu'une désagrégation de l'Irak ne provoque un effet domino dans toute la région. Pour autant la Russie n'apportera certainement pas une aide active aux Etats-Unis, mais elle ne cherchera pas non plus à excerber les difficultés auxquels Washington fait face dans cette région.

Vladimir Poutine et Barack Obama doivent d'ailleurs s'entretenir « dans les jours à venir » de la situation en Irak, a indiqué un conseiller du Kremlin. Moscou n'a pas oublié la position unilatéral de Washington en 2002, quand l'administration Bush a décisé l'invasion de l'Irak. D'après certains analystes, cela expliquerait en grande partie la politique anti-américaine de Poutine aujourd'hui.

Partager :