Le Qatar s'étonne du rappel des ambassadeurs des monarchies voisines

L'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et Bahreïn ont décidé, ce mercredi 5 mars, de rappeler leurs ambassadeurs au Qatar, reprochant à Doha ses ingérences dans les affaires de ses voisins, un geste sans précédent dans les relations entre pays arabes du Golfe. « Il a été demandé au Qatar de ne soutenir aucune action de nature à menacer la sécurité et la stabilité des Etats membres », indique un communiqué commun publié dans les capitales des trois pays qui citait notamment les campagnes dans les médias, une allusion à la chaîne de télévision Al-Jazira.

Une violente crise a éclaté, ce mercredi 5 mars, au sein du groupement des pays arabes du Golfe. Trois membres de ce groupe, l'Arabie saoudite, les Emirats et Bahreïn, ont décidé de rappeler leurs ambassadeurs du Qatar, un pays accusé de soutenir la mouvance islamiste dans le monde arabe.

Traditionnellement, l'Arabie saoudite a toujours exercé une influence considérable dans la péninsule arabique. Immense géant pétrolier et financier de la région, Riyad a longtemps imposé ses vues à ses voisins dont l'Arabie assure même la protection. Depuis la montée en puissance du Qatar, les choses ont changé. Fort de ses ressources en gaz, le Qatar est devenu une véritable puissance financière. Le petit émirat, non seulement a les moyens de se défaire de l'hégémonie saoudienne, mais surtout d'infléchir le cours des événements dans plusieurs pays arabes.

Etats rivaux

Ryad et Doha sont des rivaux, par exemple sur la question égyptienne. Là où le royaume saoudien soutient sans faille le général Sissi dans sa lutte contre les Frères musulmans, le Qatar, au contraire soutient sans réserve ces derniers. Même chose en Syrie où les pays soutiennent, certes, la rébellion islamiste, mais pas les mêmes groupes. Cela a été le cas également en Libye notamment.

Enfin, l'Arabie saoudite, les Emirats Arabes Unis et Bahreïn soupçonnent fortement le Qatar d'être un des soutiens des Frères musulmans établis dans leurs propres pays. Les hostilités sont à présent ouvertes, mais le Qatar, qui regrette le geste des monarchies voisines, n'aura pas trop à souffrir de la décision de ses trois anciens alliés.


Le Qatar regrette cet isolement forcé

Avec notre correspondante à Doha, Laxmi Lota

Devant le ministère des Affaires étrangères à Doha, les membres du protocole s'affairent et ne veulent pas s'exprimer avant de peut-être pouvoir arranger les choses : « Je dois recevoir des personnalités. Maintenant, s'il vous plaît, pouvez-vous partir ? »

Une voiture officielle s'avance, escortée par les forces de sécurité intérieures. Mais pas de déclaration, à part ce communiqué officiel du Conseil des ministres. L'émirat se dit « surpris par la décision de Riyad, Abou Dhabi et Manama de rappeler leurs ambassadeurs. Notre pays est attaché aux valeurs du Conseil de coopération du Golfe, aussi nous laisserons nos représentants dans les pays concernés », explique le Conseil des ministres.

Les trois voisins du Qatar l'accusent d'ingérence. L'émirat réplique : « La décision de nos frères n'a aucun lien avec les intérêts des peuples du Golfe, leur sécurité et leur stabilité. Elle concerne des divergences sur des questions hors des pays du Golfe ». Pour Doha, la crise concerne donc surtout l'Egypte. L'Arabie saoudite, le Bahreïn et les Emirats soutiennent le nouveau régime égyptien et jugent Doha « trop lié aux Frères musulmans ».

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