Barack Obama et Benyamin Netanyahu ne s’entendent pas. Les deux hommes ont pris leurs fonctions la même année, en 2009 et depuis, il y a eu des moments de tension, notamment à chaque fois que Barack Obama a tenté d'arracher à Benyamin Netanyahu un geste qui aurait permis de faire avancer le processus de paix avec les Palestiniens.
« C'est avec les républicains que Benyamin Netanyahu s'entend le mieux et avec un président démocrate, ça n'est pas exactement l'harmonie », reconnaît Yehuda Lancry, ancien ambassadeur d’Israël en France et aux Nations unies. « Il est vrai qu'il y a eu une visite du président Obama il y a moins d'un an en Israël où on a essayé de raccommoder cette relation...mais il y a tout de même une petite brouille qui persiste, et je pense que chaque occasion est bonne pour la dissiper », explique le diplomate israélien.
Iran et processus de paix
Les deux dirigeants doivent pourtant travailler ensemble sur des dossiers sensibles. Concernant l'Iran, Benyamin Netanyahu a qualifié « d'erreur historique » l'accord intérimaire sur le nucléaire conclu avec Téhéran en novembre dernier. Le Premier ministre israélien, qui n’a de cesse de dénoncer la menace qu’une bombe iranienne ferait peser sur son pays, critique sévèrement la suspension d'une partie des sanctions internationales qui pèsent sur la République islamique.
Concernant le processus de paix, le secrétaire d’Etat John Kerry a arraché l'été dernier une reprise des discussions israélo-palestiniennes. Les efforts de l'administration américaine agacent la droite israélienne, surtout quand le secrétaire d'Etat met en garde contre le risque croissant de boycott d'Israël si rien ne se passe. Durant sa visite aux Etats-Unis, Benyamin Netanyahu s’adressera à l’AIPAC, le grand lobby pro-Israël aux Etats-Unis. Mais il sait aussi que d’autres voix se font entendre au sein de la communauté juive américaine.
« Nous essayons de nous mobiliser pour qu'il y ait une solution à deux Etats et pour un accord qui permette l'établissement d'un Etat palestinien sur les frontières de 1967, avec des échanges de territoire », explique ainsi Alan Elsner, porte-parole de l’organisation juive américaine pro-paix J-Street, joint par RFI. « Nous avons organisé des meetings dans plusieurs grandes villes du pays en tant que communauté juive américaine et nous attirons des foules très importantes en soutien aux efforts de John Kerry, et dans l'espoir qu' Israël puisse vivre pacifiquement avec son voisin palestinien », poursuit Alan Elsner.
Un « accord-cadre » ?
Concrètement, que peut faire le président américain pour amener Israël à faire des compromis ? Et jusqu’où Barack Obama souhaite-t-il aller pour obtenir des résultats ? De nombreux observateurs estiment que le président américain veut laisser une trace plus importante en termes de politique étrangère et qu'il va donc soutenir pleinement John Kerry.
D'autres sont beaucoup moins catégoriques : « Je vois pas très bien comment et pourquoi maintenant, Barack Obama exercerait des pressions importantes sur Israël », affirme Frédéric Encel, maître de conférence à Sciences-Po Paris. « On approche de la phase de démonétisation d'un président américain. Un milieu de deuxième mandat, c'est fini ! J'ai vraiment l'impression qu'il y a un décalage entre la volonté de Kerry et celle d'Obama - un peu comme si Obama finalement voulait démontrer sur une scène de théâtre qu'il conservait une volonté d'acier, mais sans donner les moyens politiques à son secrétaire d'Etat d'y parvenir », assure l’universitaire.
Officiellement, les Etats-Unis espèrent malgré tout aboutir à un accord-cadre, qui fixerait les grandes lignes d’une solution au conflit israélo-palestinien (frontières, Jérusalem, réfugiés, sécurité). Initialement, les discussions à trois entre Américains, Israéliens et Palestiniens devaient durer jusqu’au 29 avril. Mais John Kerry a déjà prévenu qu’elles pourraient se poursuivre au-delà de cette date.