Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Il est arrivé à la frontière, chaussé de simples claquettes, parce qu’avant de l’abandonner, ses geôliers ont eu un faible pour ses chaussures de randonnée, raconte Bünyamin Aygün, qui a encore du mal à croire à sa libération.
Il dit avoir beaucoup prié pour que son pays s’occupe de lui et ne l’oublie pas. Mais il explique en fait avoir été libéré par une brigade dépendant de l’Armée syrienne libre, après plusieurs jours de combats contre les jihadistes de l’Emirat islamique d’Irak et du Levant.
Pendant les quarante jours de sa détention, raconte le photographe, il a passé, le plus clair de son temps, les yeux bandés, nourri juste de pain et d’eau et en changeant de cellule tous les quatre jours en moyenne, sauf vers la fin.
S’il n’estime pas avoir été mal traité, Bünyamin reconnaît que le pire moment a été pour lui, après vingt jours entre les mains de ses ravisseurs, quand ils lui ont annoncé qu’il allait être exécuté, et qu’après réflexion, la meilleure mort pour lui, serait d’être coupé en morceaux plutôt que fusillé…
Depuis ce moment-là, il ne pensait plus devoir s’en sortir. Et pourtant, pense-t-il, les jihadistes, qui le retenaient, ont compris qu’il n’était pas un espion quand ils ont vu, à travers des médias, la mobilisation de ses confrères en Turquie, réclamer sa libération.
■ ANALYSE : Hala Kodmani : « Les journalistes ne peuvent pas travailler en Syrie »
Au cours de la cérémonie de soutien aux otages français en Syrie, qui s’est déroulée à la Maison de la radio à Paris, hier lundi, la journaliste franco-syrienne Hala Kodmani a évoqué les délicates conditions de travail pour sa profession en Syrie.