Les Frères musulmans déclarés «organisation terroriste» en Egypte

Mercredi 25 décembre dans la soirée, dans une conférence de presse télévisée suivant le Conseil des ministres, le gouvernement égyptien a déclaré la confrérie des Frères musulmans « organisation terroriste ». Cette décision concerne toute organisation liée à la confrérie et risque d’être lourde de conséquences.

Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti

Les Frères musulmans sont-ils des terroristes, ou pas ? Depuis l’attentat contre le quartier général de la police égyptienne à Mansoura, le gouvernement s’est livré à une véritable valse-hésitation. Le cabinet du Premier ministre a commencé par annoncer que les Frères musulmans étaient une « organisation terroriste ». Mais quelques heures plus tard, il faisait marche arrière.

Cette indécision a provoqué la colère des partis et des médias laïcs. Les principaux alliés du gouvernement réclamaient la démission du Premier ministre Hazem el-Beblaoui, considéré comme « impuissant ».

Toute organisation liée aux Frères est désormais illégale

Conséquence de la déclaration de mercredi, qui renvoie donc la confrérie au statut d'organisation terroriste : toute organisation liée aux Frères musulmans est désormais illégale, y compris le parti Liberté et justice, le bras politique de la confrérie.

Selon un ministre, les membres de la confrérie des Frères musulmans ont la possibilité d’annoncer rapidement leur démission ou de se retrouver en position de « hors-la-loi », puisqu'ils sont désormais membres d’une organisation terroriste.

Une décision condamnée par l'opposition

Les principaux mouvements d’opposition égyptiens ont condamné ce mercredi soir la décision du Conseil des ministres égyptiens de considérer la confrérie des Frères musulmans comme organisation terroriste. Le mouvement contestataire du 6-Avril a exprimé sa préoccupation pour l’avenir de l’Égypte et de l’opposition. Les principaux chefs du mouvement qui était une des forces majeures dans le soulèvement contre l’ex-président Moubarak en janvier 2011, ont été condamnés à trois années de prison il y a quelques jours.

La coalition nationale pour le soutien de la légitimité, un mouvement dominé par les Frères musulmans, mais regroupant d’autres courants principalement islamistes, a estimé pour sa part que la décision était nulle et non avenue. Elle a décrit ceux qui ont pris la décision « de bande qui a constitué une organisation terroriste depuis le 3 juillet », date de la destitution du président Mohamed Morsi par l’armée. En signe de défi, l’alliance a appelé à l’escalade par « une semaine de manifestation de colère révolutionnaire » sur toutes les places d’Égypte.

→ À (RE)LIRE : L'attentat meurtrier de Mansoura ravive les tensions en Egypte


L'attentat de Mansoura revendiqué par des jihadistes du Sinaï

Un groupe radical islamiste du Sinaï, Ansar Bayt al-Makdis (les partisans de Jérusalem) disant s'inspirer d'al-Qaïda, a revendiqué l'attentat de Mansoura, qui a fait 15 morts, dont 14 policiers, dans la nuit du lundi 23 au mardi 24 décembre 2013. Qui est Ansar Bayt al-Makdis ? Les explications de Mathieu Guidère spécialiste des groupes islamistes radicaux.

« Ansar Bayt al-Makdis est constitué par un groupe de combattants palestiniens qui se sont infiltrés, à la faveur de l’instabilité et de l’absence d’État à cette époque-là, depuis la bande de Gaza vers l’Égypte. Ils ont rejoint début 2011 un autre groupe égyptien jihadiste. Ensemble, ils se sont fixés comme objectif de contrer les relations entre l’Égypte et Israël. À partir de la destitution du président Morsi, il y a eu un changement radical de stratégie qui a été annoncé par le groupe Bayt al-Makdis : il a déclaré l’armée égyptienne et les forces de sécurité comme étant des forces mécréantes, parce qu’elles se sont retournées contre un gouvernant musulman élu par la majorité. On est aujourd’hui dans une escalade de la violence entre ce groupe jihadiste qui s’attaque à l’armée, et l’armée qui a décidé d’éradiquer ce type de groupe dans le Sinaï. »

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