Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh
Pour sa première visite en un an à Damas, l'émissaire international pour la Syrie a tenté de mettre toutes les cartes de son côté pour réussir dans ses démarches. Des démarches d'autant plus difficiles que Bachar el-Assad avait appelé, il y a une semaine, Kakhdar Brahimi « à ne pas dévier du cadre de sa mission », l'invitant à faire preuve de neutralité.
Lakhdar Brahimi a donc tenté d'arranger les choses en déclarant à Damas que « Bachar al-Assad pouvait utilement contribuer à la transition vers une nouvelle Syrie mais pas la diriger. » Ce n'est pas sûr que cette phrase nuancée sera du goût des dirigeants syriens.
Des incertitudes sur certains participants à la conférence
En tout cas, cette déclaration ne sera pas du tout appréciée par l'opposition qui ne veut pas entendre parler d'un rôle futur du président syrien. Et elle n'est pas la seule. L'Arabie saoudite n'est pas convaincue de l'utilité de la conférence de Genève 2 et pour bien le montrer, elle n'est pas fixée de rendez-vous à l'envoyé international.
Lakhdar Brahimi a néanmoins reçu le soutien de la plupart des sept pays qu'il a visité lors de sa tournée y compris l'Iran et l'Egypte, deux poids lourds régionaux. Mais cela ne suffira peut-être pas pour mettre sur les rails le processus politique, surtout que 19 groupes rebelles armés ont rejeté Genève 2 et qualifié de « traitre » tout représentant de l'opposition qui y prendrai part.
Le conflit syrien n'en finit pas d'enflammer le voisin libanais
A Tripoli, dans le nord du pays, les combats ne faiblissent pas entre les habitants du quartiers de Bab el-Tebbaneh et Jabal Mohsen, respectivement zone sunnite et chiite. Malgré le déploiement de l'armée libanaise ce lundi 28 octobre, la population locale est sceptique.
Maha, une jeune habitante qui vit entre les deux quartiers qui s'affrontent en témoigne : « L'armée s'est déployée et on voit très peu de civils dans la rue. Les quelques voitures qui passent, le font très rapidement. Les gens ont peur des tireurs embusqués. »
D'après la jeune femme, le peur envahie les habitants même s'ils soutiennent l'armée. « Cela fait dix-sept fois que des affrontements éclatent entre Jabal Mohsen et Bal el-Tebbaneh. Idéalement, l'armée devrait rentrer dans les deux quartiers pas seulement d'un seul côté. Mais il y a un gros risque car chaque soldat est un d'abord un libanais.»