«Genève 2»: la principale composante de l'opposition syrienne jette l'éponge

La Syrie oscille entre l'espoir d'une solution politique, incarnée dans la perspective d'une conférence dite «Genève 2», et le sentiment que les obstacles seront décidément trop nombreux. Ce dimanche, le Conseil national syrien, principale composante de l'opposition, a finalement annoncé sa non-participation à la conférence de paix actuellement en préparation.

Lors de l'Assemblée générale des Nations unies, le Conseil national syrien, groupe le plus important de l'opposition syrienne, avait déjà laissé planer un doute sur sa participation à Genève 2. Mais désormais, son chef Georges Sabra ne laisse plus l'ombre d'un doute.

Dans un entretien accordé ce dimanche à l'Agence France-Presse, M. Sabra déclare : « Je pose la question à ceux de l’opposition qui souhaitent participer à Genève 2, est-ce qu’ils sont informés de l’agenda ? Est-ce qu’ils connaissent en détail comment sera constituée la délégation qui représentera le peuple syrien et l’opposition ? Comment on peut donner son accord, sans avoir une vue précise sur la question ?

Est-ce qu’on est sûr que ce sommet permettra une transition politique en Syrie, est-ce qu’il ouvrira l’horizon vers une nouvelle Syrie civile, plurielle et démocratique et mettra donc fin au pouvoir clanique d’une seule famille et d’un seul parti ? Rien ne nous indique que ce sommet permettra cette transition, donc le Conseil national syrien a décidé de ne pas participer à Genève 2 ». Et d'avertir que le Conseil national syrien « ne restera pas au sein de la Coalition nationale syrienne si celle-ci y va ».

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En cause : la situation sur le terrain, qui reste très tendue sinon chaotique, avec des groupes aux intérêts de plus en plus distincts. A Alep notamment, dans le nord du pays, de violents affrontements ont opposé ces derniers jours l’Armée syrienne libre (ASL) à des jihadistes. Bilan : 50 morts en trois jours.

Ces intenses combats ont permis aux jihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant de renforcer leur présence dans la cité. Quant à l’armée du régime, elle a procédé à d’importants bombardements sur la ville de Sfiré, près d'Alep. Le but : sécuriser ce secteur qui jouxterait un site militaire soupçonné d’abriter des armes chimiques.

Il s'agirait d'un site que doivent d'ailleurs visiter les experts de l’ONU en charge du démantèlement de l’arsenal chimique du régime Assad. Pour rappel, depuis mars 2011, la guerre qui sévit en Syrie aurait coûté la vie à plus de 115 000 personnes.

L'annonce du retrait du CNS tombe au plus mal. John Kerry, secrétaire d'Etat américain, doit justement évoquer l'organisation de Genève 2 ce lundi à Londres, en compagnie de l'émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi.

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