Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh
Les Libanais sont globalement soulagés du fait que la perspective de frappe américaine contre la Syrie se soit éloignée. Ils craignaient en effet que leur pays ne soit entraîné dans une guerre régionale au cas où Damas ou ses alliés libanais, notamment le Hezbollah, décidaient de riposter au Liban ou à partir de son territoire.
La classe politique, elle, a une position plus partagée. Les partisans du régime syrien ne cachent pas leur satisfaction, même si beaucoup évitent de crier victoire. Le Hezbollah, qui a engagé des milliers de combattants aux côtés de l'armée régulière syrienne, s'est cantonné dans ce qu'il fait le mieux depuis le début de la crise des armes chimiques : le silence.
On ne peut pas en dire autant du député et leader chrétien Sleiman Frangié. Cet ami personnel de Bachar el-Assad, qui rencontre régulièrement le président syrien, s'est réjoui que la frappe contre la Syrie n'aura probablement plus lieu.
Les ennemis du régime syrien sont, eux, frustrés. Ils voyaient dans la frappe américaine un moyen de rééquilibrer la situation militaire au profit des rebelles. Comme le Hezbollah, ils se murent dans un silence gêné.
Mais leur presse parle de victoire contre le régime. Assad se rend aux Américains sans tirer une seule balle, titre en Une le quotidien al-Moustaqbal, de l'ancien Premier ministre et ennemi juré de Bachar el-Assad, Saad Hariri.