Doha: quatre Français dans le piège qatarien

Quatre Français sont toujours retenus à Doha, au Qatar. Deux hommes d'affaires, un footballeur et un entraîneur. Ils ont un problème judiciaire avec leur associé ou leur employeur qatarien. Ce dernier refuse de signer leur autorisation de sortie du territoire, depuis des années pour certains.

Le silence a été brisé, ces Français ont désormais un avocat français et un avocat qatarien et tous deux veulent faire sortir leurs clients du pays. Me Frank Berton, l'avocat français était d'ailleurs à Doha mardi 4 septembre pour rencontrer ses clients et les autorités qatariennes.

Pour rappeler les faits, la règle qui s'applique au Qatar à tous les expatriés est celle du sponsorship : on ne peut pas travailler dans le pays sans sponsor ou parrain. Et c'est ce dernier qui décide si vous pouvez sortir du territoire, si vous pouvez conduire ou changer d'employeur par exemple.

Un système contraignant, mais qui permet au petit émirat - qui compte tout de même 95% de population étrangère -, de contrôler les allées et venues sur son territoire. Et c'est pour cette raison que ces Français ne peuvent pas rentrer chez eux.

« Exit permit »

Au Qatar, il faut en effet régler toute question judiciaire avant de pouvoir quitter le pays, même une simple contravention par exemple. Si vous avez fait un excès de vitesse, il faut payer votre amende avant de pouvoir partir en vacances.

Les quatre Français retenus ont porté plainte contre leur parrain qatarien pour des contentieux financiers. Le footballeur Zahir Belounis, par exemple, réclame des salaires impayés à son club, alors que l'entrepreneur Jean-Pierre Marongiu lui souhaite obtenir ses parts dans la société qu'il a créée.

En attendant, leur sponsor a refusé de signer leur autorisation de sortie du territoire, dénommé « exit permit ». La venue de Me Berton, leur avocat français, leur a remonté un peu le moral, mais certains ont vu leur vie s'effondrer. Ainsi Jean-Pierre Marongiu, le chef d'entreprise, n'a pas vu sa famille depuis deux ans. Il affirme devoir se cacher, se sentir suivi, et craint de devoir aller en prison à cause de ses propos sur le Qatar. «Je fais des efforts pour tenir debout. Quand je suis dans des phases combatives, ça va, quand je fais du sport pour être prêt à toute opportunité, ça va. Qunad je vois ma femme ou mes enfants sur Skype je suis détruit et je peux passer des jours prostré sans pouvoir parler» confie-t-il à RFI.

Une ombre sur les relations franco-qatariennes ?

L'avocat français Me Berton a rencontré un représentant du ministère des Affaires étrangères qatarien. «J'ai vu un représentant du ministère des Affaires étrangères qatarien qui nous explique qu'il n'était pas réellement informé de la situation de ces quatre Français, que les dossiers vont se débloquer, et que la bonne volonté ici était pleine et entière». Ce dernier lui a également dit qu'il n'y avait «aucune raison de brouiller les relations franco-qatariennes, et que tout serait réglé très rapidement». L'avocat a confié laisser quinze jours au Qatar pour changer les choses. Sinon, il déposera plainte devant la justice française pour des chefs d'accusation d'«escroquerie» ou de «séquestration».

Partager :