La note du renseignement publiée lundi 2 septembre se contente de rappeler que le programme chimique syrien constitue l'une des principales menaces en terme de prolifération d'armes de destruction massive. La réduction de ceux-ci est d'ailleurs l'un des objectifs rappelés par le Livre blanc sur la Défense, publié au printemps dernier.
Les services de renseignement passent ensuite en revue les catégories d'agents toxiques fabriqués en Syrie, les vecteurs, les missiles et les roquettes de l'arsenal syrien. Ils détaillent les conclusions qu'ils ont tiré des observations réalisées autour du 21 août grâce à des sources ouvertes, comme des vidéos, ou à des photos de satellites-espions.
Dès lundi soir, des sources gouvernementales notamment citées par l'agence Reuters, laissaient entendre que cette attaque constituait un danger majeur pour la sécurité nationale. Des termes que l'on retrouvait dans la bouche de Barack Obama, samedi dernier, dans son discours à la Maison Blanche. Le président américain évoquait alors « une atteinte à la dignité humaine et de graves dangers pour la sécurité nationale des Etats-Unis ».
Tout cela rappelle de mauvais souvenirs : l'intervention de 2003 en Irak où, déjà, on évoquait un programme chimique qui aurait pu menacer l'Occident. On connait la suite : des preuves fabriquées de toutes pièces, dix ans d'enlisement pour les Etats-Unis et un pays qui, aujourd'hui encore, est quasiment en état de guerre civile.
La prolifération, enjeu de sécurité ?
La Syrie mène son programme d'armes chimiques depuis maintenant quarante ans. Cela n'a jamais ému grand monde. On imagine mal la Syrie tirer des missiles à têtes chimiques sur l'Europe occidentale. Elle n'en a pas la capacité.
On imagine mal, aussi, des groupes terroristes qui s'empareraient de grandes quantités d'agents toxiques. Ces substances doivent être conditionnées et transportées avec précaution, leur mise en oeuvre étant particulièrement complexe. Elles sont presque aussi nocives pour celui qui les manipule que pour celui qui est visé.
L'enjeu, pour les Occidentaux, est avant tout une question de crédibilité. En creux, il faut aussi voir un message envoyé à l'Iran. La France ne peut pas s'engager dans la lutte contre la prolifération, prendre des sanctions contre les pays qui tentent d'accéder à ces technologies et ne pas bouger quand un régime en fait usage contre son peuple.
Il convient, cependant, de s'interroger sur le cynisme qui se profile derrière l'affaire, en se souvenant qu'en 1988, l'opération ANFAL contre les populations kurdes d'Irak avait conduit à la mort de 180 000 civils irakiens sans que personne n'ait bougé.