Syrie: l'Occident face à ses doutes

La possible intervention militaire occidentale en Syrie a fait l'objet d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU mercredi 28 août. Le statu quo prédomine encore : aucune décision n'a été prise, aucune résolution n'a été adoptée. Les pays en faveur de « frappes punitives » se cherchent une légitimité.

Avec notre correspondant à New York, Karim Lebhour

Finalement, le projet de résolution britannique a tout d’un stratagème diplomatique. En effet, personne à l’ONU ne pense sérieusement que ce texte, qui demande au Conseil de sécurité de valider l’usage de la force en Syrie, a la moindre chance d’être adopté. La Russie et la Chine le refuseront et il s’agit avant tout pour la Grande-Bretagne, la France et les Etats-Unis de montrer qu’ils ont tenté de respecter la voie onusienne et la légalité internationale et qu’il n’y a pas d’autres possibilités que d’agir en dehors du cadre des Nations unies.

Le plus étonnant pourtant, c’est que la Grande-Bretagne ne semble pas décidée à aller au vote et à provoquer un veto de la Russie. On sent même une certaine confusion côté occidental alors que les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont renoncé à faire une déclaration commune. Et pour l’instant, il n’y a pas de nouvelles négociations prévues et encore moins de vote programmé au Conseil de sécurité.

Dans une interview à la télévision, Barack Obama a dit avoir reçu différentes options de l’armée et avoir eu des conversations approfondies avec son équipe de sécurité nationale, mais il n’a pas encore pris la décision d’intervenir militairement.

Finir le travail ?

Les pays occidentaux n'ont pas de position unanime quant à la marche à suivre, en particulier sur le problème des inspecteurs de l’ONU  toujours à l'oeuvre en Syrie. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, demande de les laisser finir leur travail et de présenter le résultat de leur enquête sur cette attaque chimique présumée du 21 août.

Les Occidentaux sont divisés entre les Etats-Unis qui disent qu’ils ne veulent pas laisser le régime syrien se cacher derrière une enquête de l’ONU et le gouvernement britannique, par exemple, qui parle maintenant de laisser les inspecteurs présenter leur résultat avant d’envisager une opération.

La mission des inspecteurs se termine samedi 31 août, 24 heures plus tôt que prévu. Mais la Syrie, qui a mis près de cinq mois à accepter leur entrée sur leur territoire, demande maintenant que leur présence soit prolongée pour enquêter sur de nouveaux incidents.

→ Ecoutez sur RFI l'émission Décryptage sur ce sujet avec comme invité Pascal Boniface, géopolitologue français, fondateur et directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques aujourd'hui à 19h10 TU

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