Syrie: les enquêteurs de l’ONU sur les lieux d'une possible attaque chimique près de Damas

Les experts chargés par l’ONU de faire la lumière sur l'usage présumé d’armes chimiques en Syrie ont été pris pour cible, ce lundi 26 août, par des tireurs embusqués non identifiés, alors qu'ils se rendaient sur le site d’une possible attaque chimique. Les enquêteurs sont finalement parvenus à rejoindre Mouadamyat Al Cham, au sud-ouest de Damas. Après avoir recueilli des échantillons et rencontré des victimes et des médecins, ils ont regagné leur hôtel.

Leur déplacement a été quelque peu chaotique. Des tirs venus des toits ont endommagé la première voiture de leur convoi. Pendant un instant, on a craint que toute la mission ne soit annulée. Mais l'équipe de dix spécialistes mandatés par les Nations unies a finalement réussi à poursuivre son chemin. Arrivés à destination, là où l'attaque du mercredi 21 août a eu lieu - faisant plus de 355 victimes selon Médecins sans frontières -, les enquêteurs ont pu rencontrer des blessés.

Sur place, ils devaient recueillir des échantillons de cheveu, de peau ou d’ongle sur les victimes décédées ou sur les personnes ayant survécu. Leur travail scientifique est encore possible quelques jours après l’attaque, malgré ce qu'ont pu dire des diplomates américains. On ne sait pas s'ils vont aller à la Goutha, l'autre site touché par les bombardements de la semaine dernière.

En Syrie, les médecins ont déclaré avoir sauvé les malades grâce à des doses d'atropine, substance utilisée en cas d'exposition à des gaz innervants. Mais reste une grande question : si l'usage d'agents toxiques se confirme, qui les a utilisés et qui a décidé de les utiliser ? Les inspecteurs ne sont pas autorisés à répondre à ces questions.

La Suisse a proposé son aide dans le traitement des échantillons qui seront prélevés. Le laboratoire de Spiez, en Suisse centrale, est l'un des 21 laboratoires au monde spécialisés dans les analyses des substances chimiques. Les échantillons recueillis seront en fait envoyés dans trois laboratoires différents à l'étranger, la comparaison des différents résultats visant à rendre les conclusions inattaquables.

Damas, qui a autorisé l'ONU à enquêter dans la Ghouta, dément toujours formellement avoir perpétré l'attaque de mercredi. Le président Bachar el-Assad a qualifié les accusations de l'Occident d'insensées, et a prédit un échec dans le cas où la communauté internationale envisagerait une attaque militaire contre la Syrie.

Damas soutient que ce sont les rebelles qui ont lancé cette attaque dans un pur but de propagande. Ce week-end, le régime a emmené des journalistes sur les lieux des attaques pour leur montrer des bidons de produits chimiques et des masques à gaz qui auraient été utilisés par les rebelles dans le quartier de Jobar.

Reste que l'ampleur de l'attaque et le nombre élevé de victimes requièrent un arsenal militaire dont les rebelles, a priori, ne disposent pas.

Partager :