Est-ce une façon de faire monter la pression ? Une réunion des chefs d'état-major de plusieurs pays a lieu lundi et mardi à Amman, en Jordanie, à 150 km de Damas. Le ministre jordanien des Affaires étrangères a indiqué que différents scénarios seraient discutés.
Qui est à Amman ? Les alliés des rebelles syriens, dont la France, l'Arabie saoudite, le Qatar, le Royaume-Uni et la Turquie. Cette dernière a d'ores et déjà annoncé qu'elle était prête à rejoindre une coalition internationale contre la Syrie, et ce même sans aval du Conseil de sécurité des Nations unies.
L'annonce n'est pas anodine. La Turquie est membre de l'Otan. Les Etats-Unis y ont une base militaire, qui a notamment servi aux bombardiers américains lors de la première guerre du Golfe. A noter que le Qatar participe également à la réunion jordanienne. Or l'émirat a aussi une base américaine sur son sol. Le ministre français de la Défense était d'ailleurs à Doha ce lundi.
Bien sûr, deux pays ne partagent pas ce discours : l’Iran et l'Irak. Bagdad a déjà dit que son espace aérien ne serait pas ouvert à une intervention militaire. L'Irak est dirigé par un gouvernement qui soutient Bachar el-Assad. L'Iran, comme la Russie, appellent à la raison face au risque d'embrasement dans la région. Il faut une solution politique et non militaire, souligne Téhéran.
Les soutiens des rebelles envisageraient une attaque sur le mode de celle qui a eu lieu en 1999 au Kosovo contre les forces serbes. Les frappes avaient alors eu lieu sans mandat des Nations unies.
Reste un problème pour les partisans arabes d'une intervention en Syrie : faire accepter leur participation à une opération contre un pays arabe. L'invasion de l'Irak, en 2003, a profondément marqué les opinions arabes.
La Russie, puissante alliée du régime de Bachar el-Assad, continue de s’opposer avec vigueur à toute intervention militaire en Syrie. Le ministre russe des Affaires étrangères a tenu une conférence de presse ce lundi après-midi à Moscou. Il a mis en garde les Occidentaux. Ce lundi, le service de presse du Kremlin précise que Vladimir Poutine et David Cameron se sont entretenus au téléphone au sujet de la Syrie.
Avec notre correspondante à Moscou, Anastasia Becchio
Ce lundi, Sergueï Lavrov a insisté sur les conséquences « désastreuses » qu’aurait, selon lui, une opération militaire en Syrie. Le chef de la diplomatie russe a appelé à ne pas refaire les erreurs du passé, prenant l'exemple de pays comme la Libye ou l'Irak, où les attentats sont quasi quotidiens. Il a souligné que les Occidentaux étaient incapables de fournir des preuves concernant l'utilisation présumée d'armes chimiques par le régime de Bachar el-Assad.
La Russie soupçonne les insurgés d’avoir eux-mêmes eu recours à ces armes pour déclencher une réaction internationale. Sergueï Lavrov s’est étonné que les Américains et les Européens n’aient pas attendu les conclusions des experts des Nations unies avant d’annoncer de possibles frappes militaires. Pour lui, cette « politique de la canonnière » ne fera que mener à l’impasse.
« Le recours à la force sans autorisation du Conseil de sécurité de l'ONU est une violation grossière du droit international », a prévenu M. Lavrov, se disant inquiet « à la suite des déclarations de Paris et Londres selon lesquelles l'Otan pouvait intervenir pour détruire des armes chimiques en Syrie sans autorisation du Conseil de sécurité de l'ONU ».
« C'est un terrain très glissant et très dangereux », a martelé le ministre russe, qui a précisé qu'il en avait longuement discuté au téléphone avec son homologue américain John Kerry. Ce dernier aurait promis d'étudier attentivement son argumentation. Les deux homme ont prévu de refaire le point dans les jours qui viennent.