Le secrétaire général de l'ONU demande une enquête « rapide et impartiale » à la suite des accusations d'utilisation d'armes chimiques par le régime syrien, lors d'une attaque menée mercredi 21 août dans la banlieue de Damas. Des responsables de l'ONU ont cependant souligné qu'une telle enquête posait pour l'instant des problèmes de sécurité. La coalition de l'opposition syrienne s'est elle engagée à assurer la sécurité des inspecteurs de l'ONU près de Damas.
Angela Kane, la Haute représentante des Nations unies pour le désarmement est attendue à Damas, ce samedi 24 août, pour convaincre le régime syrien de laisser aux enquêteurs de l’ONU l’accès aux sites concernés par l’attaque chimique présumée.
« Une pluie de mortier »
Ce vendredi les bombardements ont continué dans les faubourgs de Damas. Les zones les plus visées sont Ain Tarma, Zamalka et Jobar, mais aussi Hamouriya, rapporte Abou al-Bara, un militant de al-Ghouta Media Office, à Damas.
Il s'agit précisément des zones visées par l'attaque chimique de mercredi dernier. « Elles ont reçu une pluie de mortier pendant la prière de midi. C'est parce qu'elles sont proches de la capitale et que les révolutionnaires ont enregistré des avancées à Jobar. C'est là la réponse du régime. Notre dernier décompte fait état de plus de 1 880 morts suite à l'attaque chimique », affirme ce militant syrien anti Bachar el-Assad.
Obama reste prudent
Pour Barack Obama les informations, bien que non encore confirmées, notamment par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), sont sérieusement préoccupantes. Mais ce vendredi Washington a mis en garde contre une intervention précipitée des Etats-Unis. Barack Obama s'est exprimé au cours d'un entretien à la chaîne d'information CNN. Pour lui, une telle opération risquerait de les embourber dans une situation difficile.
En même temps, Barack Obama a estimé que les accusations portées par l'opposition syrienne, selon lesquelles des centaines de personnes auraient été tuées dans une attaque aux gaz toxiques, étaient plus graves que les précédentes accusations contre le régime du président Bachar al-Assad. « C'est très clairement un évènement important, un sujet de grave préoccupation », a reconnu le président américain. « Nous sommes déjà en discussions avec l'ensemble de la communauté internationale. Nous essayons d'obtenir une meilleure réponse des Nations unies. Et nous avons appelé le gouvernement syrien à autoriser une enquête sur place, puisque les inspecteurs onusiens se trouvent en ce moment en Syrie. Mais nous ne nous attendons pas à une coopération de la part du régime syrien. »
Pour le président américain, « il n'y a pas de doute : au moment où des armes chimiques sont utilisées à grande échelle, cela commence à toucher certains intérêts nationaux vitaux des Etats-Unis. D'abord parce que nous devons nous assurer que les armes de destruction massive ne prolifèrent pas, et ensuite parce que nous devons protéger nos alliés et nos bases dans la région. Donc je pense pouvoir le dire ainsi : c'est quelque chose qui va requérir l'attention de l'Amérique et, je l'espère, l'attention de l'ensemble de la communauté internationale. »
Moscou, soutien indéfectible de Damas
Un avis que ne partage pas Moscou. L'attaque chimique présumée est clairement une provocation et les rebelles empêchent une enquête objective.
La Russie juge inacceptables, aujourd'hui, les appels en Europe à faire pression sur les Nations unies en faveur de l'usage de la force contre le régime syrien.
Damas est en effet dans le viseur de nombreuses capitales européennes qui soupçonnent l'armée de Bachar al-Assad d'avoir utilisé des armes chimiques? C'est le cas du chef de la diplomatie britannique, William Hague. « Nous pensons que c'est une attaque chimique de grande ampleur du régime d'Assad, mais nous voulons que les Nations unies puissent l'établir », a-t-il déclaré dans une intervention diffusée sur la BBC et Sky News.
L'opposition syrienne a annoncé ce vendredi soir qu'elle est parvenue à faire sortir des prélèvements effectués sur des victimes qui pourront être analysés à l'étranger, sans préciser où ces échantillons ont été envoyés.