Egypte: Mohammed Badie, un guide suprême conservateur aux diatribes enflammées

Mohammed Badie, le guide suprême des Frères musulmans - confrérie à laquelle appartient le président destitué, Mohamed Morsi - a été arrêté ce mardi 20 août. Il sera jugé, dimanche 25 août, pour « incitation au meurtre ». Son arrestation a porté un coup rude à la confrérie, qui l'a rapidement remplacé par Mahmoud Ezzat. Retour sur le parcours de ce guide issu de la frange conservatrice de la confrérie égyptienne.

Mohammed Badie est né, il y a 70 ans, dans la ville industrielle de Mahalla dans le sud du Caire. En 1965, il est diplômé en médecine vétérinaire. Arrêté la même année pour avoir pris part à des rassemblements de Frères musulmans - un mouvement déjà interdit à l'époque - il est condamné à 15 ans de prison.

En 1974, il bénéficie de l'amnistie générale décidée par le pouvoir. Tout en enseignant la médecine vétérinaire, il gravit les échelons de la confrérie, d'abord dans sa région natale où il épouse la fille d'un membre éminent des Frères.

Un guide suprême critiqué en interne

En 1993, il devient membre du comité exécutif puis, en 2010, il est élu guide suprême. Un choix critiqué. Dans une organisation minée par les conflits internes, il représente les conservateurs. Il s'illustre par ses discours enflammés contre Israël et l'Amérique. Lorsque la confrérie accède au pouvoir en 2012, il clame qu'elle va enfin atteindre son « but historique » à savoir, former un « califat islamique ».

Mais au sein de la confrérie, son influence est moins importante que celle du numéro deux - Khairat al-Shater - arrêté plus tôt. Depuis le coup de force de l'armée, Badie se faisait discret et n'avait pas pu se rendre aux funérailles de son fils, tué par balle, vendredi 16 août, au Caire.

Mahmoud Ezzat, un successeur au moins aussi extrême

Arrêté dans la nuit du 19 au 20 août, le guide suprême des Frères musulmans a été remplacé à la tête de la confrérie par Mahmoud Ezzat, considéré comme un faucon, un ultra du mouvement. « En principe, les Frères musulmans menés par un homme comme Ezzat ne devraient pas être très conciliants, confirme Adel Iskandar spécialiste de l'Egypte et enseignant à l'université de Georgetown, aux Etats-Unis. Le premier communiqué sous la direction de Ezzat comme guide suprême ne montre aucune ouverture ou discours de conciliation. »

Comme l'explique Adel Iskandar au micro de RFI, « ce communiqué absout littéralement les Frères de toute erreur ou crime, même dans les cas d'incendies d'églises ou d'attaques envers les policiers. Ce texte accuse l'Etat égyptien de tous les maux. On est dans un mélange de victimisation et de paranoïa qui ne peut qu'emmener les Frères, avec Mahmoud Ezzat comme pilote, vers plus de confrontation. »

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