Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
La télévision a passé une courte vidéo de Mohamed Badie où il apparaît indemne et en bonne santé. Selon les informations du ministère de l’Intérieur, le guide suprême de la confrérie a été arrêté dans un appartement aux alentours de la place Rabaa al- Adawiya. La place même où la police a dispersé le grand sit-in des Frères musulmans mercredi.
L’arrestation du chef de la confrérie, ainsi que d’autres hauts responsables des Frères musulmans, était une des priorités lors de l’assaut. Mohamed Badie fait l’objet de plusieurs mandats d’arrêt. Il doit notamment répondre à l’accusation d’incitation au meurtre et à la violence.
L’arrestation du guide suprême porte un coup très dur aux Frères musulmans dont la plupart des chefs sont en prison. Khayrat el Chater, le numéro deux et éminence grise de la confrérie, ainsi que Saad al Katatni, le président du Parti liberté et justice des Frères musulmans, sont déjà incarcérés dans la prison de haute sécurité de Tora. La même prison où est détenu l’ex-président Hosni Moubarak.
Les discours enflammés de Mohamed Badie
L'homme est né il y a 70 ans dans la ville industrielle de Mahalla dans le sud du Caire. En 1965, il est diplômé en médecine vétérinaire. Arrêté la même année pour avoir pris part à des rassemblements de Frères musulmans, un mouvement déjà interdit à l'époque, il est condamné à quinze ans de prison.
En 1974, il bénéficie de l'amnistie générale décidée par le pouvoir. Tout en enseignant la médecine vétérinaire, il gravit les échelons de la confrérie, d'abord dans sa région natale où il épouse la fille d'un membre éminent des Frères. En 1993, il devient membre du comité exécutif, puis en 2010, il est élu guide suprême.
Un choix critiqué
Dans une organisation minée par les conflits internes, il représente les conservateurs. Il s'illustre par ses discours enflammés contre Israël et l'Amérique. Lorsque la confrérie accède au pouvoir en 2012, il clame qu'elle va enfin atteindre son « but historique » : former un « califat islamique juste ».
Mais, au sein de la confrérie, son influence est moins importante que celle du numéro deux, Khayrat el Chater, arrêté plus tôt. Depuis le coup de force de l'armée, Badie se faisait discret, et n'avait pas pu se rendre aux funérailles de son fils, tué par balles, vendredi dernier au Caire.