Egypte: l'armée, une institution au rôle ambivalent

L’armée joue un rôle capital dans la politique égyptienne. L'annonce du retour de l'état d'urgence pour un mois minimum devrait lui donner une plus grande marge de manœuvre, mais elle est aussi la cible de critiques du monde entier après son coup de force de ce mercredi 14 août. Retour sur le rôle de l'armée égyptienne.

Plus que jamais, les événements montrent le rôle ambivalent de l’armée en Égypte, à la fois garante des institutions et représentante d'un peuple qui a réclamé le changement. Son but était de restaurer la stabilité, entre autres pour ses intérêts économiques.

Comme après la chute de Moubarak en 2011, elle voulait éviter d'être au premier plan. D'autant qu’à l’époque, sa gestion des manifestations avait terni son image d’une institution respectée. Cette année encore, l’armée a accompagné la contestation anti-Morsi, tout en s'activant en coulisse en dialoguant avec l'opposition aux Frères, notamment les libéraux.

Ce n'est que lorsque les anti-Morsi manifestent par millions en juin que l'armée donne publiquement 48 heures au président pour quitter le pouvoir. Pour éviter les erreurs de 2011, elle transmet vite les rênes à un gouvernement de transition. Elle redore ainsi son image, au point que le nouvel homme fort, le général al-Sissi, se voit déjà président. Il appelle même le peuple à manifester pour défendre l'armée. Les Frères qui veulent le retour du président Morsi y voient un appel à la guerre civile. Les récentes violences illustrent la confrontation historique entre l'armée et la confrérie.

Après les violences de ce mercredi matin, l'armée n'apparaît plus comme un acteur neutre. Son action est critiquée par l'allié américain et l'une de ses cautions civiles au gouvernement, le vice-président Mohamed el-Baradei, a démissionné.

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