Avec notre envoyé spécial, et notre correspondante au Caire, Perrine Mouterde
Aucune nomination n’a été annoncée ce mercredi. Les tractations continuent. Hazem el-Beblaoui, l’économiste et ancien ministre des Finances qui a été chargé de former ce cabinet intérimaire, a expliqué qu’il rencontrait différents candidats.
Le nouveau Premier ministre dit vouloir privilégier la compétence. Il souhaite que ses ministres représentent différentes forces politiques. Il espère avoir finalisé son équipe en début de semaine prochaine.
Les Frères musulmans pourraient-ils en faire partie ? Hazem el-Beblaoui a déclaré ce jeudi ne pas l’exclure. Mais après les mandats d’arrêt lancés contre plusieurs hauts responsables de la confrérie par le procureur général ce mercredi, dans le cadre de l’enquête sur la tuerie du 8 juillet devant le siège de la Garde républicaine, les discussions s’annoncent désormais difficiles.
Pression sur les Frères musulmans
Outre ces demandes d’arrestations, les autorités de transition ont également fait fermer plusieurs chaînes de télévision islamistes. Elles continuent également de détenir Mohamed Morsi dans un lieu tenu secret et officiellement, pour sa propre sécurité. Sur les quelque 500 manifestants arrêtés lundi matin devant le siège de la Garde républicaine, 200 environ ont été inculpés de meurtre.
C’est donc une pression maximale qui est exercée aujourd’hui sur les Frères musulmans, lesquels accusent les nouvelles autorités et l’armée de vouloir non seulement les bâillonner, mais également de vouloir également les écarter définitivement de la vie politique égyptienne. C’est un retour complet à l’époque de Moubarak, disent-ils.
Le pari risqué d’al-Nour
Autre force politique islamiste, les salafistes d'al-Nour jouent quant à eux une partie délicate. Le parti a non seulement coupé les ponts avec les Frères musulmans, mais il a également soutenu l’intervention de l’armée et la mise en place de la feuille de route. Le parti Nour, qui était arrivé en deuxième position des élections législatives, espère récupérer le vote islamiste lors des prochaines élections qui devront avoir lieu début 2014. Ce positionnement lui a déjà réussi : il y a quelques jours, il a empêché la nomination de Mohamed el-Baradei au poste de Premier ministre.
Mais c’est un pari risqué. En prenant le parti de l’armée et en s’alliant avec des formations laïques, al-Nour est en train de se mettre à dos une partie de sa base, de ses militants, dont certains rejoignent les cortèges pro-Morsi. C’est sans doute pour ne pas trop se couper de cette base militante que sa direction a refusé de participer au gouvernement de transition.