Egypte: pro et anti-Morsi manifestent, les autorités redoutent de nouvelles violences

Les partisans de Mohamed Morsi multiplient les appels à manifester. Et ils occupent encore la rue, ce samedi 6 juillet, tout comme leurs adversaires, au lendemain d'une mobilisation marquée par de nombreuses violences. Ces rixes entre pro et anti-Morsi ont fait 30 morts à travers le pays. Des affrontements au Caire mais aussi à Alexandrie et dans le Sinaï, au cours desquels plusieurs victimes ont été tuées par balle.

Avec notre envoyé spécial au Caire, Daniel Vallot

Les partisans de Mohamed Morsi ont l’intention de maintenir la pression jusqu’au retour du président déchu à son poste. C’est le sens du discours qu’a prononcé, vendredi 5 juillet, le Guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie.

Un discours qui a d’ailleurs galvanisé les partisans de Mohamed Morsi. Ces derniers sont rassemblés, ce samedi en début d'après-midi, en plusieurs points de la capitale : devant l’université du Caire, devant la mosquée de Rabaa, non loin du siège de la Garde républicaine. Les pro-Morsi affirment vouloir occuper la rue de façon pacifique. Mais il est évident que de nouvelles violences sont à craindre dans le courant de la soirée.

Entre vendredi et samedi, au moins trente personnes ont été tuées à travers l'Egypte. Les témoignages du milieu hospitalier évoquent des plaies par balles. Plusieurs témoins rapportent aussi la présence de partisans de Mohamed Morsi patrouillant armés de sabres, de bâtons et même de fusils automatiques.

Vendredi, les pro-Morsi, qui tiennent les voies d'accès à la place Tahrir, se sont violemment confrontés aux militaires. Près d'un millier de personnes auraient été blessées au cours de ces violences dont les principaux foyers se trouvent au Caire et à Alexandrie, les deux plus grandes villes d'Egypte.

Dans la péninsule du Sinaï, au nord-est du pays, des militants islamistes ont profité du chaos pour lancer une série d'attaques contre les forces de sécurité. Un soldat et cinq policiers ont été tués dans cette offensive au cours de laquelle les islamistes ont pris le gouvernorat du Nord-Sinaï, installant le drapeau noir du jihad à son sommet.

Responsabilités

Les deux camps, anti et pro-Morsi, se rejettent la responsabilité des heurts qui se sont déroulés sur le pont du 6 Octobre, au Caire. Les anti-morsi accusent leurs adversaires de les avoir provoqués en organisant une manifestation aux abords de la place Tahrir. Les pro-Morsi affirment, eux, qu’ils voulaient seulement manifester pacifiquement devant le siège de la télévision nationale. Il se trouve que ce bâtiment est situé justement à proximité de la place Tahrir.

Une chose est sûre, l’armée aura mis deux heures à intervenir et à ramener le calme. Ce samedi 6 juillet, l'ambiance reste extrêmement tendue dans les rues du Caire. Les habitants de la capitale évitent de se rendre dans le quartier de la place Tahrir et donc dans le centre-ville. Sur la place elle-même, les anti-Morsi redoublent de vigilance, craignant visiblement de voir débarquer les partisans du président déchu dans l'après-midi. Les militants pro-Morsi ont en effet appelé à la manifestation tout au long de la nuit à venir.

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