Jusqu'à présent, les talibans ont toujours refusé de discuter avec le président afghan - le qualifiant de « marionnette » américaine. Hamid Karzaï, lui, avait longtemps rejeté l'idée d'un bureau taliban au Qatar, de peur d'être court-circuité par un dialogue direct entre les insurgés et les Etats-Unis.
Aujourd'hui, les deux parties semblent prêtes à jouer le jeu, avec l'accord de Washington, comme l'explique George Frerks, professeur à l'Université d'Utrecht aux Pays-Bas :
« Les Etats-Unis, même s'ils ne le disent pas publiquement, reconnaissent qu'il est impossible de vaincre totalement les talibans. Il doit y avoir un rapprochement et un dialogue pour garantir la stabilité du pays dans le futur. Donc, je crois que tacitement les Américains sont d'accord avec ces consultations, même si la position officielle est de dire "nous ne négocions pas avec des terroristes". Le réalisme politique impose ces rencontres parce que les talibans sont tout simplement un facteur important qu'on ne peut pas nier ».
À moins de deux ans du retrait de la grande majorité des troupes de l'Otan, le temps presse pour aboutir à un accord de paix - sous peine de voir le pays s'embraser à nouveau.