Avec notre correspondante à Ramallah, Emilie Baujard
Il fait encore nuit et déjà des centaines de travailleurs palestiniens se pressent à la sortie de ce checkpoint du nord de la Cisjordanie. Sur le parking, les attendent désormais des bus israéliens. La plupart des travailleurs se bousculent pour y entrer. Ils n’y voient aucune mesure de ségrégation mais plutôt des avantages, à l’image de Youssef : « C’est vraiment moins cher, c’est à l’heure et c’est plus confortable », explique-t-il.
Financé par le gouvernement israélien, ces bus coûtent deux à trois fois moins chers que les minivans blancs conduits par des Palestiniens et présents en nombre sur le parking. Ils vont aussi directement dans le centre de Tel Aviv, ce que préfère Mounir, un Palestinien de Naplouse qui n’aura plus besoin de prendre les mêmes bus que les colons israéliens : « Souvent, les policiers israéliens arrêtent ces bus et ils nous font tous descendre, nous, les Palestiniens. On doit finir la route à pied, parfois sur plusieurs kilomètres. Ils nous disent qu’il nous est interdit de circuler dans les villes israéliennes, que notre permis nous donne uniquement le droit d’aller travailler. Mais nous allons travailler ! ».
D’autres préfèrent ironiser : « Si Israël veut nous faciliter la vie, disent-ils, pourquoi est-ce qu’on doit encore passer deux heures dans un checkpoint tous les matins ? »