Parmi les treize opposants condamnés en appel à la prison à vie figurent des dirigeants du parti d’opposition chiite Haq comme Hassan Mashaima et des islamistes du mouvement Al Wafa, ainsi que le défenseur des droits de l'homme Abdulhadi al-Khawaja. Ce dernier avait entrepris une grève de la faim de 110 jours jusqu'en juin dernier pour protester contre ces verdicts.
Sa femme, Khadija Mosawi, n’est pas surprise du verdict : « Je n'attendais pas une peine moins lourde pour mon mari que pour les autres... Je pensais que peut-être ils auraient commué la perpétuité en peine de quinze ans de prison comme ils l'ont fait pour certains, mais malheureusement, ils ont confirmé tous les verdicts. C'est vraiment décevant. Cela montre que le gouvernement ne veut donner sa chance à aucun défenseur des droits de l'homme. » Selon elle, seules des pressions diplomatiques pourraient infléchir la position des autorités bahreïniennes.
Le procès des militants chiites a duré depuis plusieurs mois. Au départ, les autorités de Bahreïn ont jugé par un tribunal d'exception vingt de ces opposants, dont sept par contumace, pour complot contre le régime.
La répression continue à Bahreïn
La dynastie des Al Khalifa, de la minorité sunnite, gouverne la petite monarchie de Bahreïn depuis plus de deux cents ans, un territoire peuplé majoritairement de chiites, qui réclament aujourd’hui plus de droits, une meilleure représentativité politique, et l'établissement d'une monarchie constitutionnelle.
Ces revendications étaient au cœur du soulèvement de 2011 que le régime a réprimé avec le soutien de l'armée de son grand voisin, l'Arabie Saoudite. La répression a causé la mort de plus de 80 personnes, en grande majorité des chiites.
Depuis, le roi a demandé un rapport sur les violations des droits de l'homme. Mais malgré les recommandations de la commission Bassiouni, créée à cet effet, la répression n'a pas cessé.
Même si les treize accusés ont finalement été jugés par un tribunal civil, les peines ont toujours été confirmées, et d'autres opposants ou défenseurs des droits de l’homme comme Nabeel Rajab, ont été arrêtés à leur tour. Les autorités brandissent la menace de l'ingérence iranienne et condamnent ce qui constitue, selon eux, un complot contre l'Etat. Pour les ONG comme Amnesty International, les opposants chiites sont des prisonniers d'opinion.