De notre correspondant à Genève
Le régime de Damas est dénoncé comme étant le seul utilisateur de mines antipersonnel. Des engins explosifs - d’origine russe - ont été plantés en 2012 aux frontières du Liban et de la Turquie faisant des victimes parmi les civils cherchant à fuir leur pays.
La coalition, rassemblant des organisations non-gouvernementales (Human Rights Watch est l’une d’entre elles) qui surveillent la mise en œuvre de la convention d’Ottawa, identifie dans son rapport 2012 la Syrie comme le seul pays au monde ayant effectivement recours à de tels engins.
L’an dernier déjà Damas, qui, il est vrai, n’a pas signé le traité international, avait été montré du doigt aux côtés de la Libye, d’Israël et de la Birmanie. Le régime de Bachar el-Assad justifie son refus d’adhérer à la convention pour des raisons de sécurité face à l’armée israélienne.
Le rapport diffusé à Genève note que l’opposition syrienne n’a pas puisé dans les stocks de mines récupérées lors des combats mais a néanmoins disséminé des engins de fabrication artisanale.
De nombreux groupes armés utilisateurs de mines...
Ailleurs dans le monde, divers groupes armés non étatiques ont utilisé des mines. Ce fut le cas en Afghanistan, en Colombie, en Birmanie, au Pakistan, en Thaïlande et au Yémen. Aux yeux de la coalition, cette évolution est des plus inquiétantes et constitue un défi difficile à relever. Comment contacter, responsabiliser et convaincre les guérilleros ?
Globalement les mines et les restes explosifs de guerre ont fait 4 286 victimes l’an dernier, à savoir 11 à 12 par jour. C’est un nombre très similaire à celui des deux années précédentes et en recul des deux tiers à ce qu’il était voici dix ans.
Cette évolution est en grande partie due à l’importance des campagnes de déminage. Plus de 190 kilomètre carrés ont ainsi été libérés en 2011 dans le cadre de 37 programmes qui ont permis la destruction de 325 000 mines antipersonnel et de 30 000 mines anti-véhicule.
Au cours des dix dernières années, plus de 1 700 kilomètres carrés ont été nettoyés, pas moins de 3,1 millions de mines étant retirées du sol. Les opérations les plus spectaculaires ont été menées en Afghanistan, au Cambodge, en Croatie et au Sri Lanka.
... et encore une douzaine d'Etats producteurs potentiels
La coalition constate qu’une douzaine d’Etats poursuivent la production ou se réservent le droit de le faire. L’Inde, la Birmanie, le Pakistan et la Corée du Sud sont actifs alors que 8 autres pays dont les Etats-Unis et la Chine n’ont pas définitivement tranché.
Les signataires se sont engagés à détruire leurs stocks. Le rapport critique vertement la Grèce, la Biélorussie et l’Ukraine qui n’ont pas respecté le contrat. D’autres, ils sont de plus en plus nombreux, demandent une prolongation des délais pour le déminage faute de moyens ou de volonté.
Le financement à disposition, tant international que national, a atteint 662 millions de dollars, une somme considérable à première vue mais qui ne permet pas de répondre aux besoins, et notamment à l’assistance aux victimes. Ce volet est en très nette baisse, un recul de 30% étant enregistré au cours de l’année.
*La Campagne internationale pour l'interdiction des mines (ICBL) rassemble diverses ONG qui se sont données pour mission de surveiller la mise en œuvre de la convention signée à Ottawa en 1997 sur la prohibition des mines antipersonnel.