Jérusalem visée par un tir de roquette, Israël peaufine son intervention terrestre

Ce vendredi 16 novembre, de nombreuses roquettes ont été tirées depuis la bande de Gaza en direction d'Israël. L’une d’elle est même tombée à une soixantaine de kilomètres de Jérusalem, dans une colonie non habitée. Pour sa part, l’armée israélienne a poursuivi son offensive aérienne sur Gaza, tout en accélérant ses préparatifs pour une action terrestre.

Avec nos correspondants à Jérusalem et dans la bande de Gaza, Nicolas Falez et Mouhssine Ennaimi

Stupeur à Jérusalem lorsque les sirènes d’alertes ont retenti au moment de la tombée de la nuit. Quelques minutes plus tard, on a appris que l’engin était tombé en fait en Cisjordanie, dans une zone non habitée du Goush Etzion qui est un bloc de colonies israéliennes proche de Bethléem, c'est-à-dire au sud de Jérusalem. Le tir a aussitôt été revendiqué par le Hamas.

Il s’agit là d’une nouvelle étape dans le conflit entre l’Etat hébreu et les groupes armés de Gaza qui n’avaient jamais tiré aussi loin. Jusque-là, le Hamas et les autres factions avaient recours à des roquettes d’une portée de 40 kilomètre maximum.

« Menace psychologique »

« A force de tirer des missiles, les artificiers du Hamas en ont amélioré la portée, explique François Géré, président de l'Institut français d'analyse stratégique (IFAS). Ils ont maintenant atteint une distance qui leur permet de faire peser une menace qui est essentiellement psychologique. (...) Car ces missiles n’ont aucune espèce de précision. (...) Là on a affaire à des capacités qui sont de 100 à 120 kilomètres (de portée), ça va obliger le gouvernement israélien à revoir son dispositif de défense. »

Les brigades Ezzedinne al-Qassam (la branche armée du Hamas) n’ont eu de cesse, ce vendredi, de tirer des roquettes en direction d’Israël, chacun de ces tirs ayant été dûment répertorié sur leur compte Twitter.

François Géré dit pourtant douter de la récurrence de ce genre d’attaques en direction de la ville sainte. « Ce serait prendre le risque, énorme, de toucher la population palestinienne, mais aussi des lieux saints de l’islam. (…) Je ne suis même pas sûr que ce tir ait (eu) l’aval de la direction politique du Hamas. » Le spécialiste faisant ainsi référence aux nombreux groupuscules islamistes qui gravitent autour du Hamas.

Plus tôt dans la journée, une autre alarme avait retenti, cette fois à Tel-Aviv, sirène suivie d’une déflagration lorsque le projectile s’est abattu en mer, à environ 200 mètres du rivage. La veille déjà, une roquette s’était abattue sur l’agglomération de Tel-Aviv, la zone la plus peuplée d’Israël.

L’offensive terrestre se met en place

Ce vendredi, l’armée avait commencé la distribution de 16 000 convocations aux réservistes israéliens, en vue d’une intervention terrestre. Au soir de l’attaque, le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a ordonné la mobilisation de nouveaux réservistes, sans qu’un chiffre précis n’ait été avancé. Les dirigeants israéliens se réservent la possibilité d’en appeler jusqu’à 75 000.

Selon les constatations du correspondant de RFI, Israël masse des tanks, des troupes et du matériel, aux abords de la frontière avec Gaza.

Dans le même temps, les autorités israéliennes ont fait savoir que la première phase de l’opération « Pilier de défense » était terminée. Près de 500 sites ont été bombardés côté palestinien, au moins 178 juste ce vendredi selon l’armée israélienne. Le ministre des Affaires stratégiques Moshé Yaalon a ainsi indiqué que l’armée était prête à « élargir l’opération ».

Raids meurtriers sur Gaza

Ce vendredi, au moins 9 Palestiniens ont ainsi trouvé la mort suite à des bombardements israéliens, portant à 29 le nombre de personnes tuées dans la bande de Gaza depuis le début de l’opération « Pilier de défense ».

A chaque fois ce sont les mêmes scènes de désolation. Les membres d’une famille qui habite en plein centre de Gaza-ville racontent qu’une bombe a été larguée à moins de dix mètres de leur maison. Les vitres sont soufflées et brisées, les portes sont fracassées, tous sont terrorisés, les enfants sont traumatisés. Depuis, tout le monde dort dans la même chambre. Cela fait trois jours, depuis le début des opérations militaires, qu’ils craignent de sortir même pour acheter de la nourriture. Toute la famille reste terrée chez elle.

A quelques kilomètres de là, le ministère de l’Intérieur - un immeuble de trois étages - est calciné, les vitres sont brisées, les murs sont défoncés. Les documents sont jonchés au sol, des cartes d’identité, des passeports, des fiches d’état civil brûlées ou déchirées. Tout près, en face, une école des Nations unies est partiellement endommagée. Les voisins sont furieux, il n’y avait aucun membre du Hamas au ministère. Des instructions ont été données, en fait, pour qu’aucun membre du personnel ne reste dans un établissement public.

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