Avec nos correspondants au Caire, à Jérusalem et à Ramallah, Alexandre Buccianti, Nicolas Falez et Mouhssine Ennaimi
L’armée israélienne a tué, dans un raid sur la bande de Gaza, le chef militaire du Hamas Ahmad Jaabari et son garde du corps. Une vingtaine d'autres attaques israéliennes qui ciblaient des sites de lancement de roquettes ont suivi.
La mort de Jaabari n'est pas due au hasard. C’est bien lui qui était visé, accusé par l’Etat hébreu d’opérations terroristes. Au moins sept autres Palestiniens sont morts, selon le représentant palestinien de l’ONU. Deux enfants figurent parmi les victimes.
Une opération planifiée qui pourrait augurer une intervention terrestre. En tout cas, Jérusalem ne l’exclut pas. Le cabinet de sécurité israélien a même autorisé dans la soirée le rappel de certains réservistes. Les ministres ont autorisé l'armée israélienne « à enrôler les forces réservistes en fonction des besoins et d'une autorisation du ministre de la Défense », selon le cabinet du chef du gouvernement, Benyamin Netanyahu. Ce dernier est d'ailleurs intervenu à la télévision, ce mercredi soir, pour justifier les raids dans la bande de Gaza.
Washington, de son côté, réaffirme le droit de son allié hébreu à se défendre et indique surveiller la situation de près. Barack Obama s'est entretenu dans la soirée avec le chef du gouvernement israélien par téléphone, selon les propos de l'ambassadeur de l'Etat hébreu aux Etats-Unis rapportés par l'AFP.
Répliques pour le Hamas, condamnations pour l'Autorité palestinienne
En représailles à la mort d’Ahmad Jaabari, au moins 55 roquettes tirées de Gaza se sont abattues sur le territoire israélien tandis que treize autres ont été interceptées par le système de défense anti-missile «Dôme de Fer». Avant même l'annonce officielle de la mort du chef militaire du Hamas, des centaines de membres des brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, s'étaient rassemblés en criant vengeance autour de l'hôpital al-Chifa, où avait été conduit leur chef.
De son côté, le Premier ministre palestinien condamne fermement les bombardements israéliens. Salam Fayyad appelle la communauté internationale et Israël à stopper cette nouvelle escalade de violences. Un peu plus tôt, c’est le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas qui a lui demandé une réunion d’urgence à la Ligue arabe.
En attendant, les habitants de Gaza sont eux terrés dans leurs demeures, les rues sont désertes, et seules les sirènes d’ambulances et les bombardements se font entendre. Certains Gazaouis ont eu le temps, avant que les magasins ne ferment, de faire quelques provisions d’eau et de nourriture, et les organisations humanitaires ont pour ordre de ne sortir sous aucun prétexte. Il leur est aussi recommandé de se préparer à évacuer, si l’opération militaire devait s’intensifier.
L'ambassadeur égyptien rappelé
De son côté, le président égyptien Mohamed Morsi a décidé de rappeler en consultation son ambassadeur de Tel Aviv en signe de protestation contre les bombardements israéliens à Gaza. Les Affaires étrangères égyptiennes ont par ailleurs convoqué l’ambassadeur israélien au Caire pour lui remettre une lettre de protestation. Le président Morsi a aussi appelé à une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU et, comme Mahmoud Abbas, de la Ligue arabe. Une réunion qui devrait se tenir samedi 17 novembre.
C’est la première grande crise diplomatique que le président égyptien doit régler depuis son arrivée au pouvoir en juillet. Un président soumis aux pressions de sa confrérie encore plus qu’à son opinion publique.
Les Frères musulmans entretiennent d’excellentes relations avec le gouvernement du Hamas lui-même apparenté à la confrérie. Ce sont les Frères musulmans, qui les premiers, ont exigé une action de la part du président issu de leurs rangs. Mais si l’opinion publique est majoritairement pour une intervention égyptienne en faveur de Gaza, des voix s’élèvent pour appeler à la retenue. Pour ces partisans de la prudence, l’Egypte ne doit pas se laisser entraîner dans un conflit qu’elle ne contrôle pas et dont elle n’a pas les moyens.