C'est le ministre français des Affaires étrangères qui a réagi le premier. Laurent Fabius s'étonne : « On attendrait autre chose de la part d’un ancien président. » Pour le chef de la diplomatie, la bonne attitude de l'ancien chef de l'Etat aurait été - a minima - de faire bloc avec la politique de son pays dans une situation aussi grave.
Le ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian, estime lui que réclamer une intervention militaire en Syrie relève de la démagogie. « C’est facile à dire, très dangereux à faire », a-t-il asséné.
La majorité au secours de l’action gouvernementale
Le Parti socialiste monte, lui aussi, au créneau. La première secrétaire, Martine Aubry, juge ces déclarations «irresponsables ». Quant à Jean-Christophe Cambadélis, en charge des questions internationales pour le PS, il voit surtout dans cette intervention de Nicolas Sarkozy un moyen de se rappeler au bon souvenir des militants UMP. Même interprétation de Jean-Marie Le Guen, député PS de Paris : « Nicolas Sarkozy saisit une occasion pour essayer de se faire valoir et de revenir par la petite porte sur la scène politique. »
Faux !, rétorque Brice Hortefeux : « Sa préoccupation en ce moment, ce n'est certainement pas des questions de politique intérieure. » Et le fondateur de l'association des Amis de Nicolas Sarkozy de fustiger très directement la politique de François Hollande : « Avec Nicolas Sarkozy, il y avait une action forte en Libye, il y avait une action permanente qui était impulsée, la France était en pointe. Et aujourd'hui la France a disparu. »
« On tue en Syrie, et François Hollande bronze à Brégançon »
De son côté, l'ancienne ministre du gouvernement Fillon, Nathalie Kosciusko-Morizet, va même jusqu'à accuser François Hollande de « faire semblant » d'agir en Syrie. Mais le plus virulent reste Philippe Juvin. L’eurodéputé UMP accuse dans un communiqué: « On tue en Syrie et le président (…) bronze, tranquille à la plage de Brégançon. »
Une seule voix s’est pour l’instant élevée pour tenir des propos plus mesurés suite à ce communiqué : celle de l’ex-secrétaire d’Etat UMP, Pierre Lellouche. Pour lui, il y a de « grandes différences » entre les crises libyenne et syrienne : « Je ne fais pas du tout partie de ceux qui disent qu'il n'y a qu'à intervenir, au contraire c'est très, très compliqué. » Il a également espéré que l’initiative de Nicolas Sarkozy sur le dossier syrien était « coordonnée » avec le nouveau pouvoir socialiste : « Il n'y a pas de place pour deux diplomaties françaises», a-t-il affirmé.
François Hollande refuse jusqu’à maintenant de commenter cette polémique. Si ce n’était pas le but premier, Nicolas Sarkozy fait en tout cas un retour fracassant dans l'arène politique avec ce communiqué, après un silence d'un peu plus de trois mois depuis sa défaite à la présidentielle.