Syrie, le rapport de forces entre l’armée et l’ASL

Alors que la Chine et la Russie viennent d’opposer leur veto à la résolution du Conseil de sécurité condamnant les violences en Syrie et demandant des sanctions contre le régime, de violents combats se poursuivent dans plusieurs quartiers de Damas pour la cinquième journée consécutive. L’attentat qui a visé hier, mercredi 18 juillet, le cœur de l’appareil sécuritaire syrien a causé la mort de trois personnalités : le ministre de la Défense, le responsable de la cellule de crise, le beau-frère de Bachar el-Assad. Le ministre de l’Intérieur a été gravement blessé.

Pour la première fois depuis l’indépendance du pays, Damas est frappée en son cœur, dans le bâtiment ultra protégé de la Sécurité nationale. L’Armée syrienne libre (ASL, lire encadré ci-dessous) dit gagner du terrain. Un combat inégal et des avancées que chaque partie utilise en faisant circuler des informations difficiles à vérifier.

Une ligne nord-sud revendiquée par l’ASL

La bataille se joue sur certaines zones du pays. L'ASL contrôlerait désormais la moitié du territoire. Ce contrôle s'effectuerait sur une ligne verticale nord-sud. Une ligne tracée depuis Idlib près de la frontière turque, ou Alep à l'est d'Idlib, puis en descendant vers le sud, Hama, ville rebelle qui avait subi une répression sans merci en 1982 avec près de 20 000 morts, sous l’ère de Hafez el-Assad.

Puis à la verticale de Hama, se trouve la ville de Homs, et ses quartiers rebelles pilonnés régulièrement par l'armée syrienne, que beaucoup d’habitants ont fui pour se réfugier dans la capitale.

Chacun revendique la maîtrise du contrôle de certains territoires

C'est le long de cette ligne que l'ASL tient le plus ses positions et tente d'infliger un revers à la puissante armée de Bachar el-Assad, même si elle en subit régulièrement la puissance de feu. Car en face, l'armée syrienne compterait 300 000 hommes, dont une majorité de conscrits, dont beaucoup de sunnites. Selon certains experts, le régime pourrait en fait vraiment compter parmi eux sur 50 à 60 000 hommes en comptant les troupes spéciales, en majorité des alaouites, dont est issu le président syrien.

Leur stratégie est surtout d'empêcher la jonction entre la province turque d'Hatay où sont repliés des chefs de l'ASL, et le Djebel Akram, devenu un fief des rebelles, et que l'armée bombarde, une zone située à la lisière de ce qu'on appelle le territoire alaouite. Selon David Rigoulet-Roze, chercheur à l’Ifas, le régime, lui, tente par tous les moyens de protéger son axe Alep-Damas.

Dans la capitale, des opérations de répression

Dans la ville de Damas, les quartiers de Midane, Tadamoune, Qadam ou Kafar Soussé, situés au sud, sont plutôt favorables à l'opposition, ainsi que ceux situés au nord-est, comme Jobar, Kaboun ou Barzé. C'est justement là que l'armée syrienne a décidé de lancer ses représailles où les affrontements sont particulièrement violents.

L'épaisse fumée noire qui flotte au-dessus de certains quartiers de la capitale syrienne laisse deviner les lieux des derniers bombardements. Dans les rues, en pleine journée, ce sont des scènes de guérilla urbaine, des hommes armés d'une simple kalachnikov qui tirent par rafales dans un bruit assourdissant.

Des chars et des hélicoptères de l'armée ont été déployés dans ces quartiers.
La ville tourne au ralenti, les artères commerçantes du centre-ville sont désertes. Et les habitants de Damas fuient par centaines les quartiers les plus exposés pour se replier vers d'autres zones plus protégées de la capitale.

Selon une source de sécurité syrienne, ces combats risquent de se poursuivre pendant les prochaines 48 heures.

Le régime a promis des représailles sans merci pour « nettoyer » Damas des « terroristes » avant le début du ramadan, qui commence ce vendredi.

Avec notre correspondante à Bagdad, Fatma Kizilboga

L'ASL dit contrôler la frontière irakienne

Après la Turquie, c’est un poste frontière irakien avec la Syrie qui serait passé aux mains de l’ASL. Des affrontements qui s’intensifieraient dans cette région à majorité sunnite. Bagdad menace de fermer sa frontière avec la Syrie si les violences se poursuivent.

Cela faisait déjà plusieurs semaines que la baisse du nombre de soldats syriens basés à la frontière irakienne et rappelés en renfort à l’intérieur du pays était relatée par les populations locales. Hier soir, la prise de contrôle du poste frontière d’Abu Kamal, dans la province d’Anbar, a été annoncée par les rebelles. Une région peuplée des deux côtés de la frontière par des tribus sunnites, et dont le soutien à la contestation ne fait aucun secret.

Alors que les Forces de sécurité irakiennes font état de combats d’une extrême violence entre les rebelles et l’armée loyaliste, Bagdad, qui craint une plus grande déstabilisation de l’Irak, menace de fermer sa frontière avec la Syrie si les violences se poursuivaient. L’Irak deviendrait ainsi le premier pays à couper son accès au voisin baasiste.

Le gouvernement Maliki, qui a appelé cette semaine les ressortissants irakiens à quitter la Syrie, a également fait part de l’envoi prochain de quatre avions à Damas afin de faciliter le rapatriement des familles. Signe pour certains d’une prise de distance de l’allié irakien avec le régime de Bachar el-Assad.

 

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