La Chine et la Russie opposent leur veto au projet de résolution occidentale contre le régime syrien

La Russie et la Chine ont opposé jeudi 19 juillet 2012 leur veto - le troisième depuis le début du conflit syrien - au Conseil de sécurité de l'ONU à une résolution occidentale menaçant de sanctions le régime de Bachar el-Assad. Les Etats-Unis considèrent que le Conseil de sécurité a « totalement échoué » et veulent désormais travailler « en dehors du Conseil ».

Avec nos correspondants à New York, Alexandra Genest, et à Washington, Jean-Louis Pourtet

Dix-sept mois et 17 000 morts plus tard, le Conseil de sécurité de l’ONU reste toujours incapable d’actions. La faute à la Russie et à la Chine, vent debout contre tout texte hostile à leur allié syrien.

L’ambassadeur britannique Mark Lyall Grant s’est dit « consterné » par ce troisième double veto russo-chinois, accusant les deux pays de « mettre leurs intérêts nationaux avant la vie de millions de Syriens ». Son homologue allemand Peter Wittig a, lui, déploré une « occasion manquée » et a estimé que le peuple syrien risquait « d'en payer le prix ».

« Il est désormais clair que la Russie ne vise qu’à laisser plus de temps au régime syrien pour écraser l’opposition », a déclaré de son côté l’ambassadeur français, avant d’avertir Moscou et Pékin que « l'histoire leur donnera tort, l'histoire les jugera, elle commence déjà à le faire en ce moment-même à Damas », a estime Gérard Araud en allusion aux combats qui font rage dans la capitale syrienne.

Le projet de résolution occidental ne prévoyait pourtant qu’une « menace » de sanctions si Damas ne baissait pas les armes dans les 10 jours et se référait à un article excluant tout recours à la force. Mais les Russes, hantés par le scénario libyen, n’ont rien voulu entendre.

Action unilatérale des Etats-Unis

Après le rejet au Conseil de sécurité de cette troisième résolution destinée à renforcer les sanctions contre le régime Assad, l’administration Obama a exprimé sa vive déception et condamné le veto opposé par la Russie et la Chine. Washington s’est aussi engagé à agir en dehors de l’ONU.

Le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, a déclaré que la Russie et la Chine s’étaient placées du mauvais côté de l’Histoire. Qualifiant leur veto de « profondément regrettable », il a ajouté que c’était une erreur car « les jours de Bachar el-Assad au pouvoir sont comptés ».

Comme l’a expliqué sur CNN l’ambassadrice américaine aux Nations unies, Susan Rice, les Etats-Unis veulent maintenant agir en dehors de l’ONU en collaboration avec la centaine de pays qui font partie du groupe des Amis de la Syrie : « Que ce soit une assistance humanitaire, la fourniture d’équipement non létal aux rebelles, un durcissement des pressions économiques et des sanctions, ou un soutien politique à l’opposition, nous continuerons de faire tout cela et nous intensifierons nos efforts avec les pays de la région et nos partenaires à travers le monde qui partagent nos objectifs et les aspirations du peuple syrien pour un avenir démocratique. »

Constatant l’échec de l’ONU et de la mission de Koffi Annan, les Etats-Unis ne soutiennent pas l’idée de continuer à envoyer des observateurs de l’organisation en Syrie.

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