Avec notre correspondante à Manama, Angélique Férat
Au mois de mai 2011, la jeune journaliste, correspondante de Radio Monte Carlo Doualya et de France 24, est convoquée au poste de police de Rifaa, au Bahreïn. Elle s'est présentée, sans avoir la moindre idée de ce qui l'attend.
La policière qui l’a reçue au commissariat où elle était convoquée, l’a accusée de mentir dans ses reportages et de travailler avec la chaîne du Hezbollah Al-Manar et aussi avec la chaîne iranienne Al-Alam. En somme, on la soupçonne d'être un agent de l'Iran.
Nazeeha Saeed va être giflée puis rouée de coup, jetée à terre. Ensuite, on lui bande les yeux et on l'emmène dans une autre pièce. Là, les coups sur les pieds, les jambes, la tête, le dos, reprennent, avec un bâton en plastique. Son interrogatoire va durer jusque vers minuit. Les femmes policiers lui crient qu'elle nuit à l'image de Bahreïn.
Un an plus tard, la femme policier incriminée par la plainte de la journaliste nie les faits. La jeune journaliste n’était pas présente à l'ouverture du procès devant le Haut tribunal pénal de Bahreïn. La commission Bassiouni, une commission d'experts indépendants des droits de l'homme, diligentée par le roi de Bahreïn, a conclu à l'usage excessif de la force par les services de sécurité et dénoncé l’usage de la torture dans les commissariats.
Bahreïn entretient une relation difficile avec les journalistes. Certains ont été déportés, arrêtés, les journalistes bahreïniens sont plusieurs à avoir fait de la prison pour un article ou un Tweet sur internet.
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