A cinq semaines du premier tour prévu les 23 et 24 mai prochains, ces disqualifications bouleversent le paysage politique égyptien. Les participations du candidat des Frères musulmans, Khairat al-Chater et du salafiste Hazem Abou Ismaïl, sont invalidées. « Ces deux prétendants bénéficient d’un très large soutien de la population, indique Virginie Colombier, chercheur à l’Arab Reform Intiative. Ils faisaient figure de favoris. Leur élimination a suscité des réactions assez virulentes », ajoute la spécialiste, invitée de RFI. L’ancien vice-président Omar Souleimane ne pourra pas non plus se présenter. Sa candidature de dernière minute n’a pas recueilli le nombre obligatoire de soutiens.
Avant même que le moindre bulletin soit déposé dans les urnes, les grands bénéficiaires de ces rebondissements semblent être Amr Moussa, ancien chef de la Ligue arabe, et l'islamiste modéré Abdel Moneim Aboul Fotouh.
« La redistribution des cartes ne profite pas aux frères musulmans »
Le Frères musulmans ne peuvent plus compter sur leur leader, l'homme d'affaires Khairat al-Chater, et vont devoir tout miser sur leur joker Mohammed Morsi. Ce dernier s’était préparé à cette éventualité et avait rempli les formalités administratives exigées pour se présenter à la présidentielle. Mais beaucoup d’Egyptiens doutent de sa popularité. « Je ne suis pas sûre que Mohammed Morsi parvienne à mobiliser les électeurs, précise Virginie Colombier. C’est une figure moins charismatique que le premier candidat, Khairat al-Chater. Il est clair qu’aujourd’hui la redistribution des cartes ne profite pas aux frères musulmans », analyse-t-elle.
Pour les sympathisants des salafistes, les choses sont davantage compliquées, surtout avec l'exclusion du prédicateur Hazem Salah Abou Ismaïl, dont la défunte mère possédait la double nationalité égyptienne et américaine, motif pour lequel il a été écarté. « Certains électeurs Frères, préféreront voter pour Abdel Moneim Aboul Fotouh, mais il y a encore des incertitudes à ce niveau », explique Virginie Colombier.
Abdel Moneim Aboul Fotouh est un ancien membre des Frères musulmans. Il a été chassé de la confrérie après avoir déclaré sa candidature à la présidentielle. Jugé trop modéré, il aura pour principal adversaire l’ancien chef de la Ligue arabe, Amr Moussa.
Le futur président égyptien : un islamiste ou un membre de l'ancien du régime ?
Même si treize candidats restent en compétition pour la présidentielle égyptienne, le face à face se jouera sauf grande surprise entre Amr Moussa et Abdel Moneim Aboul Fotouh. « Amr Moussa, est le plus connu d’entre tous, mais il constitue la perpétuation de l’ancien régime », insiste la chercheur de l’Arab Reform Intiative. Pour Virginie Colombier, « même si Aboul Fotouh est moins connu que son principal adversaire, il pourrait bénéficier du soutien des jeunes et du camp révolutionnaire.»
Ces deux hommes, qui ont débuté leur campagne électorale il y a plusieurs mois, ont pris de l’avance par rapport aux autres prétendants. « Mais ils sont considérés comme des candidats faibles par rapport aux véritables favoris qui viennent d’être exclus par la commission électorale », conclut Virginie Colombier.