Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), des tirs à l'arme lourde et des explosions étaient entendus à Douma, dans la banlieue de Damas, des tirs de snipers se poursuivaient du côté de Hama et de Homs. Les autorités syriennes ont pourtant affirmé avoir commencé leur retrait de trois villes, Deraa, au sud, Idlib, au nord, et Zabadani, au nord-ouest de Damas, la capitale, une information que la Russie a relayée. C’est bien pour vérifier l’effectivité de ces retraits et pour discuter « des modalités d’un éventuel déploiement de la mission de supervision de l’ONU » qu’une équipe de cinq à six personnes, dirigée par le général norvégien Robert Mood (un spécialiste du Moyen-Orient) est arrivée ce jeudi à Damas, selon les déclaration de Ahmad Fawzi, le porte-parole de Kofi Annan. « Ce que nous attendons pour le 10 avril, c'est que les autorités syriennes aient retiré toutes leurs troupes des centres urbains, et que commence une période de 48 heures durant laquelle il y aura un arrêt de toute forme de violence, par toutes les parties, a déclaré Ahmad Fawzi, lors d’une conférence de presse à Genève. Ceci inclut bien sûr l'opposition syrienne, et le gouvernement syrien. Donc le chronomètre commence à courir le 10 avril, pour les deux parties, pour que cesse toute forme de violence. »
L’arrêt total des violences par toutes les parties le 12 avril
Lors d’une visioconférence, Kofi Annan s’est exprimé depuis Genève devant l’Assemblée générale des Nations unies, à New York. Le secrétaire général de L’ONU Ban Ki-moon a rappelé au préalable que « la plus grande priorité était d’arrêter le bain de sang en Syrie ». Kofi Annan, quant à lui, a bien spécifié que la situation en Syrie était inacceptable, mais que la solution devait venir des Syriens eux-mêmes en privilégiant le dialogue. Sa mission s'inscrit dans le cadre de la charte des Nations unies, et dans le respect de la souveraineté de l'Etat syrien, a-t-il précisé. Sans doute a-t-il voulu rassurer sur le fait qu'il n'était pas question d'ingérence étrangère sur ce dossier, et qu'une situation à la libyenne n'était pas envisagée. Ceci peut-être pour rassurer la Russie, qui par deux fois avec la Chine, avait opposé son veto à une résolution condamnant les violences en Syrie. Kofi Annan a donc rappelé les bases de son plan en six points (accepté par Damas le 27 mars dernier) et a demandé que toute forme de violence, y compris les tirs, la torture, les viols, les déplacements de population soient effectifs « le 12 avril, à 6 heures du matin, heure de Damas ». Selon lui, les échanges avec les autorités de Damas montrent que c'est cette voie qu'il faut suivre, et qu'il faudrait une présence de l'ONU sur place pour évaluer la situation.
Déploiement d’une force de supervision en cas de cessez-le-feu
Si le 12 avril au matin les combats ont effectivement cessé, Kofi Annan propose de déployer une mission d’observateurs, composée d’environ 250 hommes, non armés, pour contrôler et superviser l’arrêt des combats. Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est déclaré prêt à accepter ce déploiement si les conditions d’un cessez-le-feu sont réunies. Kofi Annan a demandé à tous les pays ayant une influence sur l'une ou l'autre des parties de faire en sorte que les violences cessent. « J'exhorte le gouvernement et les commandants de l'opposition à donner des instructions claires afin que le message soit entendu dans tout le pays, jusqu'au combattant et au soldat au niveau local » a déclaré l’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe devant les 193 membres de l’Assemblée générale. Kofi Annan doit se rendre à Téhéran le 11 avril prochain, pour tenter de rallier la position iranienne à son plan d’action pour la Syrie.
Une confiance limitée
De son côté, la Russie, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, a critiqué l’ultimatum fixé au 10 avril qui selon lui pourrait saper les efforts de négociation. « La Russie pourrait approuver un document du Conseil de sécurité de l'ONU sur la Syrie, s'il contribue à la mise en place du plan Annan » a-t-il souligné. L'opposition, quant à elle, dit ne pas croire aux promesses de Bachar el-Assad, et dénonce les violences qui se poursuivent avec des tirs de snipers. Le CICR (Comité international de la Croix-Rouge) dont le président Jacob Kellenberger se trouvait ces derniers jours en Syrie, a déclaré dans un communiqué avoir conclu un accord selon lequel il pourrait avoir un accès humanitaire plus important dans le pays, et surtout aux centres de détention. Une première visite devrait avoir lieu à la prison d'Alep, mais pour l'instant, aucune date n'a été fixée.