Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
Vingt policiers égyptiens ont laissé pousser leur barbe et 120 autres ont déposé une demande formelle en ce sens. L’événement a provoqué de vives réactions de la part des laïcs égyptiens; ils y voient le signe de l’islamisation galopante des institutions.
Comme pour la révolution qui a chassé Hosni Moubarak du pouvoir, c’est sur Facebook que les policiers barbus ont lancé leur mouvement. Celui-ci apparaît comme un signe de contestation puisque la barbe était jusqu’à présent interdite dans la police égyptienne; laquelle, depuis une soixantaine d’années, poursuivait même les sounnis, ces porteurs de la barbe islamiste.
Mais, selon le journal indépendant Al Masry al Youm, la confrérie des Frères musulmans a demandé que la prochaine promotion de l’académie de police comprenne un quota d’islamistes. La demande aurait été acceptée par le ministère de l’Intérieur. Pour les laïcs, il s’agit d’une atteinte à l’égalité entre les citoyens et d’une politisation de la police, les Frères musulmans disposant aujourd’hui du plus grand parti politique égyptien, après leur victoire nette aux élections législatives de la fin 2011.
Le parti libéral Al Masriyin al Ahrar a protesté publiquement, tandis que l’éditorialiste de gauche Ibrahim Issa y voit un pas vers l’instauration d’une police religieuse comme celle existant en Arabie Saoudite. Les salafistes, qui portent une barbe fournie et forment le second parti d’Egypte, ont par contre défendu l’initiative des policiers. Dans certains quartiers populaires d’Alexandrie, ces derniers font déjà la loi.