Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Comme un seul homme, les ténors du gouvernement, rassemblés devant leur groupe parlementaire, ont laissé inhabituellement libre cours à leur satisfaction. Ils comptaient beaucoup sur cette mobilisation des élus français.
« Aujourd’hui, je me sens un peu plus français », a lâché le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, pour qui le nombre de signatures rassemblées pour introduire ce recours est déjà un résultat important. Il dit tout de même espérer que la décision finale du Conseil constitutionnel confirmera les attentes des Turcs.
Pour le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, les députés et sénateurs français ont « renoué avec leurs valeurs ». Le verdict des « sages » français permettra de préserver les relations franco-turques, assure-t-il, lui aussi.
Quant au ministre de l’Industrie, Nihat Ergün, il attend également que cette procédure débouche sur « une décision respectant les libertés fondamentales », puisque pour les Turcs, la pénalisation de la négation du génocide des Arméniens en 1915 était surtout vécue comme l’empêchement qui leur était fait d’ouvrir un débat et une recherche sur l’histoire de ce drame.
Même si le processus n’est pas fini, la Turquie officielle respire, mais crie peut-être victoire un peu trop tôt.