Les violences se poursuivent en Syrie dans l'attente du rapport de la Ligue arabe

Ce vendredi 20 janvier, comme chaque semaine depuis de longs mois, des milliers de personnes ont manifesté en Syrie, bien sûr pour réclamer la chute du régime de Bachar el-Assad mais aussi pour exiger que le Conseil de sécurité de l'ONU soit saisi. La Ligue arabe est de plus en plus sous pression, sa mission d'observateurs est critiquée de toutes parts, jugée incapable de faire cesser la violence. Dimanche, les ministres arabes des Affaires étrangères examineront, au Caire, un nouveau rapport du chef des observateurs et décideront de la suite à donner à cette mission.

Le général soudanais Mohamed al-Dabi, chef de la mission d'observation de la Ligue arabe, est attendu samedi au siège de la Ligue arabe au Caire afin d'y présenter son rapport sur ce que les 165 membres de son équipe ont vu depuis leur déploiement en Syrie, le 26 décembre. Dimanche, ce sont les chefs de la diplomatie arabes qui examineront le rapport. Une réunion cruciale, où l’on décidera de la suite à donner à la mission, qui n'a pas empêché la poursuite des violences.

La Ligue arabe est fortement critiquée pour son incapacité à faire cesser dix mois de violente répression par le régime de Bachar el-Assad de la révolte populaire. Pour ses détracteurs, la présence d'observateurs en nombre insuffisant en Syrie a seulement permis à Bachar el-Assad de gagner du temps et de poursuivre sa répression. Et de nombreux pays arabes ont rejeté l’idée d’envoyer des troupes arabes en Syrie.

L’organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) appelle la Ligue arabe à rendre le contenu du rapport de la mission d'observaton public. Basé à Beyrouth, Nadim Houry est le représentant de Human Rights Watch dans la région.

Pour HRW, seule une évaluation transparente de la mission d'observation permettra de déterminer si les observateurs doivent rester dans le pays. Cela permettra de répondre aux inquiétudes croissantes sur le fait que sa mission d'observation ait pu être manipulée par les autorités syriennes.

Le Conseil de sécurité appellé à intervenir

Les appels à transférer le dossier syrien à l’ONU se font de plus en plus pressants. Une délégation du Conseil national syrien (CNS), le plus important groupe de l'opposition syrienne, se trouve ce vendredi au Caire pour demander au chef de la Ligue arabe Nabil al-Arabi de « transférer le dossier au Conseil de sécurité de l'ONU afin d'obtenir une résolution stipulant la création d'une zone tampon et d'une zone d'exclusion aérienne » en Syrie.

HRW a également exhorté la Ligue arabe à s'entendre sur une coopération avec le Conseil de sécurité des Nations unies pour adopter des sanctions ciblées, dont un embargo sur les armes, pour mettre fin au bain de sang en Syrie.

La répression se poursuit

Des milliers de manifestants sont redescendus dans la rue vendredi en Syrie pour réclamer notamment une saisine du Conseil de sécurité de l'ONU faisant écho aux groupes d'opposition qui souhaitent que les observateurs arabes passent la main.

Deux opposants ont été tués par les forces de sécurité à Boukamal dans l’est du pays et dans un quartier de Homs (centre) où sont retranchés depuis plusieurs semaines des groupes armées rebelles.

Des fusillades ont éclaté dans plusieurs autres villes lors des manifestations pour réclamer « la chute du régime et la libération des prisonniers », rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Dans les principales artères de Damas et près des mosquées les forces de sécurité appuyées par des blindés se sont déployées. A Douma, au nord de Damas, 15 000 manifestants se sont mobilisés « à la sortie des mosquées de la ville pour se réunir sur la place de la grande mosquée », selon l'OSDH. Les autorités syriennes ont maintenu une forte présence « autour des mosquées » de Banias et Lattaquié, sur la côté méditerranéenne, afin d'empêcher toute manifestation.

Depuis le début du soulèvement en mars 2011 en Syrie la répression a fait plus de 5 400 morts, selon l'ONU. Des dizaines de milliers ont été arrêtés selon l’opposition. Plus de 2 000 militaires et policiers ont été tués par les rebelles, selon les autorités
syriennes.

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