Avec notre correspondante à Riyad, Clarence Rodriguez
Le prince Nayef a d’ores et déjà averti qu’il agirait avec détermination face à tout risque de troubles. Le ministre de l’Intérieur et futur souverain fait allusion aux manifestations survenues en mars dernier dans le contexte des révoltes à Bahreïn, et au début du mois d’octobre dans l’est de l’Arabie, où vit la majorité des deux millions de chiites saoudiens.
Les autorités saoudiennes dénoncent les agissements subversifs de Téhéran qui veut provoquer le chaos tant à Bahreïn que dans la province orientale de l’Arabie Saoudite, riche en pétrole. Tout récemment, ce complot iranien présumé contre l’ambassadeur saoudien à Washington, révélé par les Américains, n’a fait que renforcer les tensions entre Téhéran et Riyad.
Une guerre froide qui ne date pas d’aujourd’hui. Ces deux puissances se disputent la suprématie sur toute une région, tant sur le plan politique que religieux. Les uns sont chiites, les autres sunnites. Dans la lignée du roi Abdallah, le prince Nayef, nouveau successeur au trône, ne cache pas son animosité a l’égard des mollahs iraniens et de l’islam chiite. Il est prêt à contrecarrer avec force tout appétit nucléaire de l’Iran.
Et gare aux pèlerins iraniens qui transformeraient le pèlerinage en tribune politique : on se souvient qu’en 1987, de violents affrontements avaient fait 402 morts dont 175 Iraniens. Conséquence : rupture diplomatique entre l’Iran et l’Arabie Saoudite. Et des pèlerins iraniens privés de hadj pendant longtemps. Cette année, ils seront 97 000 fidèles à La Mecque.
Des mesures dissuasives
Tout est organisé pour éviter les mouvements de foules ou tout accident. A leur arrivée à Djeddah, les deux millions et demi de musulmans empruntent un terminal spécialement conçu pour le hadj. Ce dispositif de filtre unique au monde facilite les contrôles sur le plan de l’accueil, de la santé, de l’immigration mais aussi et surtout sur le plan sécuritaire.
A elles seules, les forces d’intervention d’urgence représentent 24 000 hommes, l’équivalent en France du GIGN, GIPN, Raid et CRS réunis.
D’autres forces d’urgence, présentes sur les lieux saints, sont elles affectées à la sécurité des 60 tunnels, prêtes à intervenir à tout moment en cas d’accident ou d’incendie. Sachant que 1 500 caméras de surveillance sont installées autour de la grande mosquée et que cinq hélicoptères de secours sont mobilisés.
L’an passé, le métro fonctionnait partiellement, cinq jours dans l’année. Les fidèles peuvent désormais emprunter la ligne entre Mina, Mouzdalifa et le mont Arafat, ce qui permet de décongestionner la circulation, problème récurrent durant le hadj.
Un voyage incontournable
Le pèlerinage à La Mecque est l’un des cinq piliers de l’islam que tout fidèle musulman est sensé accomplir au moins une fois dans sa vie, s’il en a les moyens. Sachant qu’un pèlerin peut débourser entre 3000 et 4 500 euros pour une semaine, vol, hébergement et nourriture compris.
Des pays à forte population musulmane comme l’Inde ou le Pakistan n’hésitent pas à subventionner le voyage de leurs ressortissants. Hormis les Saoudiens, ce sont les pèlerins indonésiens qui sont les plus nombreux. On en recense 200 000.
Deux moments seront très forts durant le grand pèlerinage : samedi 5 novembre, les fideles convergent vers la vallée de Mina, au mont Arafat, moment de recueillement et de prières, et dimanche, ils fêtent Aïd el-Adha, la fête du sacrifice, qui marquera la fin du hadj ou du grand pèlerinage.