La Russie reconnaît la légitimité du CNT

Le Conseil national de transition (CNT) est désormais considéré comme « l’autorité au pouvoir » en Libye aux yeux de Moscou. L’annonce a été faite quelques heures avant l’ouverture à Paris de la conférence des « amis de la Libye », qui doit préparer l'après-Kadhafi, et  à laquelle participera l'émissaire spécial du Kremlin pour l'Afrique, Mikhaïl Marguelov. Avec cette prise de position, la Russie, qui a soutenu jusqu'au bout son fidèle allié Mouammar Kadhafi, espère pouvoir jouer un rôle dans la nouvelle Libye.

Avec notre correspondante à Moscou, Anastasia Becchio

Après être restée longtemps sur la réserve, la Russie salue aujourd’hui le programme de réformes du Conseil national de transition. Dans le même temps, le communiqué publié sur le site du ministère des Affaires étrangères insiste sur les liens commerciaux qui unissent les deux pays : « nous partons du principe que les accords conclus dans le passé entre la Libye et la Fédération de Russie seront scrupuleusement mis en œuvre ». Un thème développé ce matin par l’émissaire spécial du Kremlin pour l’Afrique dans un entretien à l’agence Interfax.

De Paris, où il s’apprête à assister à la conférence des amis de la Libye, Mikhail Marguelov, dit espérer que les nouvelles autorités de Tripoli prennent en compte les critères économiques et non politiques dans leurs relations avec la Russie. Il rappelle qu’en juin 2011, à Benghazi, il avait reçu l’assurance des rebelles que les contrats conclus entre Moscou et Tripoli seraient honorés.

Contrats prometteurs

La Libye de Mouammar Kadhafi était un gros client de la Russie dans les secteurs de l'énergie, de l'armement et des infrastructures. Des entreprises comme Gazprom, Rosoboronexport, l’entreprise chargée des exportations ou RZD, les chemins de fer russes, avaient conclu des contrats prometteurs.

Mais la Russie a mis du temps pour concéder une vraie légitimité au CNT. En juillet 2011 encore, elle avait refusé de reconnaître l’organe des rebelles comme seule autorité en Libye. En mars surtout, la Russie s’était abstenu, comme la Chine, de voter la résolution 1973 du Conseil de sécurité autorisant le recours à la force pour protéger les civils libyens. Avant de critiquer l’usage qu’ont fait notamment la France et la Grande Bretagne de cette résolution, estimant que ses limites étaient dépassées.

Un comportement dont les anciens rebelles pourraient se souvenir. Ils pourraient être tentés de choisir des entreprises dont les pays leur ont apporté un soutien bien plus appuyé.

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