Avec notre correspondant à Istambul, Jérôme Bastion
On ne sait pas ce qu’ils se sont dit, mais ils ont en tous cas longuement parlé, bien plus que prévu : près de trois heures au lieu des quarante-cinq minutes initialement programmées.
Le message de la Turquie est clair : « Il faut que cela cesse, la communauté internationale va décider de sanctions et nous ne pourrons plus être à vos côtés. İl faut cesser les violences contre la population et engager des réformes convaincantes », lui a-t-il été encore une fois répété.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, qui devait également rencontrer l’émissaire syrien, a préféré au dernier moment aller visiter les camps de réfugiés proches de la frontière, et même discuter avec ceux qui attendent, juste de l’autre côté.
Il y a vu de quoi expliquer à l’envoyé spécial de Bachar el-Assad que cette situation humanitaire n’est pas acceptable. Ce à quoi Türkmani a répondu sans rire que ses concitoyens n’étaient en Turquie que temporairement, et qu’il était là pour organiser leur retour.
Davutoglu lui expliquera ce jeudi le drame humain qu’il a vu à la frontière, et réunira les ambassadeurs turcs de la région pour décider de la nouvelle politique syrienne d’Ankara.
L'appel des Nations unies
L'ONU exhorte de nouveau la Syrie à autoriser une enquête indépendante d'experts sur son territoire afin de déterminer les responsabilités des violences. Alors que l'exode des civils se poursuit dans le nord du pays, on en sait un peu plus sur la réalité sur le terrain. Hier mercredi, un rapport préliminaire a été publié par le Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'homme.
La mission chargée de recueillir des témoignages a du mal à travailler car les autorités syriennes n’ont toujours pas donné leur feu vert pour qu’elle se rende sur place. Mais une équipe arrivée en Turquie où des milliers de Syriens ont trouvé refuge a recueilli des témoignages inquiétants.