Il y aurait plus de 30 morts dans la ville de Hama, à 200 kilomètres au nord de Damas, selon l'observatoire syrien des droits de l'homme. Depuis les toits, des tireurs aux ordres du président Bachar el-Assad ont fait feu sur des milliers de manifestants près du siège du parti Baas, le parti au pouvoir. Il n'y aurait eu aucun avertissement ni tentative de dispersion par gaz lacrymogènes selon les militants.
Pourtant, les protestataires étaient pacifiques lors de cette journée de vendredi, en l'honneur « des enfants de la liberté » tués par les autorités syriennes. Ils réclamaient la démission de Bachar el-Assad et de nouvelles élections. De son côté, l'agence officielle Sana dénombre 80 blessés parmi les forces de l'ordre après une attaque d'un bâtiment gouvernemental.
Ce mouvement de protestation massif s'est propagé dans tous le pays. A Idleb, plus au nord, les habitants des localités voisines se sont soulevés en nombre. Ils seraient des dizaines de milliers. Les autorités syriennes ont tiré sur la population à Damas et dans la province de Homs selon le réseau de cybermilitants syriens LCC. Depuis le début des émeutes en mars, la mobilisation n'aura jamais été aussi forte que ce vendredi, jour de prière.
Face à cette opération de répression sanglante, l'amnistie des détenus politiques décrétée mardi 31 mai par Bachar el-Assad perd toute sa crédibilité
Plus de mille personnes ont été relâchées depuis mercredi selon l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme. Ce sont surtout des manifestants arrêtés depuis le début des émeutes populaires qui sont concernés par cette mesure. D'autres sont des détenus de longue date, comme une des figures de l'opposition, Muhanad Al Assani.
Dans les faits, ce n'est pas une amnistie générale. Tous les détenus politiques ne pourront pas en profiter. Plus de vingt grandes figures de l'opposition sont toujours en détention, notamment Kamal Labouani, le fondateur du Rassemblement libéral démocratique en Syrie. Et certaines libérations sont davantage des réductions de peine qu'une véritable amnistie rappelle Nadim Houry de Human Rights Watch.
En ce qui concerne le sort des Frères musulmans, la situation est ambigüe car dans le code pénal syrien les membres de cette confrérie encourent toujours la peine capitale. Reste à savoir ce qu'il adviendra d'eux à leur libération.
Le régime syrien oscille entre amnistie et répression puisque les arrestations continuent. Et rien ne garantit que les personnes libérées ne puissent être emprisonnées de nouveau.
Les opposants qui se sont réunis à Antalya pendant trois jours réclament toujours le départ immédiat du président syrien et de nouvelles élections.
Pour aller plus loin : le site Syrian Human rights Information Link