Il n’y a plus un jour sans que le peuple syrien ne compte ses morts. Confronté depuis le 15 mars à un mouvement de contestation sans précédent contre le régime de Bachar el-Assad, le pouvoir a envoyé ces dernières semaines l’armée dans différentes villes, notamment à Homs (centre), Banias (nord-ouest) et Deraa (sud), foyers de la révolte. Et comme toujours, la répression a été brutale.
Ce week-end encore, onze civils ont été tués et une centaine blessés dans la région de Homs. Dimanche à l’aube, des dizaines de chars des forces de sécurité ont encerclé Rastan et Talbisseh, deux villes proches de Homs. L’assaut sur Talbisseh a finalement été donné ce lundi, tuant trois civils. Un quatrième est mort des suites de ses blessures. « Les tirs ont commencé à cinq heures du matin, se concentrant sur une colline au milieu de la ville », témoigne un habitant. Il raconte que les blessés ont été conduits dans un centre culturel, les forces de sécurité ayant pris le contrôle du principal hôpital de la ville.
Dans la province de Deraa, au moins treize personnes ont été arrêtées ce lundi au cours de perquisitions. A Zabadani, une petite ville au nord de Damas, d’autres perquisitions ont été menées à cause de graffitis anti-régime gribouillés sur les murs.
Condamnations occidentales
Face à la répression, les Occidentaux tentent de prendre des mesures. La Haut commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Navi Pillay, appelle Damas à laisser entrer en Syrie une mission onusienne chargée d’enquêter sur les violations des droits de l’homme provoquées par les opérations des forces de sécurité. Un projet de résolution condamnant l’action du régime syrien contre ses opposants et rédigé par la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et le Portugal a été soumis jeudi 26 mai au Conseil de sécurité de l’ONU. Mais la Russie, membre du Conseil, a déjà fermement écarté l’idée de l’étudier. C’est l’impasse. D’autant qu’une intervention militaire en Syrie est inenvisageable, tant le pays occupe une position stratégique dans l’équilibre précaire de la région.
Mais cette menace d’un projet de résolution a suffi à provoquer l’ire des dirigeants syriens. Le vice-ministre des Affaires étrangères Fayçal Meqdad a ainsi accusé les grandes puissances occidentales de vouloir « un retour de la colonisation ». « Il s’agit d’imposer leur hégémonie sur la Syrie et d’utiliser l’ONU comme un moyen pour rétablir le colonialisme et justifier les ingérences », a-t-il déclaré.
Depuis le début du mouvement de contestation, plus de 1 100 civils ont été tués et au moins 10 000 personnes interpellées, selon les organisations de défense des droits de l’homme.