Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
L’annonce a été saluée par les manifestants de la place Tahrir comme étant une nouvelle victoire de la révolution. C’est en effet, la dernière de la famille Moubarak qui était encore en liberté. De plus, l’épouse du raïs n’a, en effet, jamais été populaire malgré une campagne de propagande dans tous les médias.
Première cause de ce désamour, l’ingérence visible, surtout au cours des cinq dernières années, dans les affaires de l’Etat. C’est elle qui, selon des proches du pouvoir, poussait à la succession de Gamal Moubarak à son père. Mais il y a aussi le conservatisme social et religieux qui, comme pour l’épouse du président Sadate, n’a jamais apprécié qu’une femme accède aux hauts postes de responsabilités.
Affaires sociales, coopération, famille : d’accord mais pas plus. Il y a aussi le fait que Suzanne Moubarak a défendu la cause des femmes notamment en matière de divorce et de gardes des enfants. Une cause qui a toujours déplu aux hommes, surreprésentés dans la révolution. Elle a aussi été la bête noire des islamistes. C’est elle qui a, par exemple, fait interdire toute présentatrice voilée à la télévision égyptienne. Il y a enfin, pour la majorité des Egyptiens, cette attitude arrogante qu’elle dégageait à chaque apparition télévisée.