Plus de 70 personnes ont été tuées par balles ce vendredi 22 avril 2011, selon des militants et des associations syriens des droits de l'homme, en Syrie lors de la dispersion par les forces de l'ordre d'imposantes manifestations contre le régime. C'est l'une des journées les plus sanglantes depuis le début du mouvement de contestation, selon des témoins et des militants.
La France appelle les autorités syriennes à « renoncer à l'usage de la violence contre leurs citoyens » et à mettre en œuvre les réformes, déclare le ministère des Affaires étrangères.
Un appel à manifester pour la journée du « Vendredi saint » avait été lancé via le réseau Facebook. Il s'agit de l'une des plus importantes mobilisations depuis le 15 mars, début du mouvement de contestation sans précédent contre le régime du président Bachar el-Assad, arrivé au pouvoir en 2000 à la mort de son père Hafez el-Assad.
Selon la version officielle syrienne, les forces de l'ordre sont intervenues avec des gaz lacrymogène et des canons à eau seulement pour empêcher des heurts « entre certains manifestants et citoyens », et « pour protéger des biens privés ». « Il y a eu des blessés », a indiqué l'agence Sana.
Ils étaient « des dizaines de milliers » de manifestants à Homs, 10 000 à Deraa, au moins 5 000 à Qamishli (nord-est), et des milliers à Douma, près de Damas, selon les témoins.
C'est dans la localité d'Ezreh, dans la province de Deraa, que le bilan a été le plus lourd : 14 morts, selon les témoins et militants. Une quinzième personne a péri à Hirak, également dans la province de Deraa où est née la contestation. Neuf autres ont été tuées à Douma, à 15 km au nord de Damas, alors que dans des localités de la banlieue proche de Damas, deux personnes ont péri à Barzeh, une à Harasta et trois à Maadamiya, selon eux.
La levée de l'état d'urgence n'a pas empêché non plus les services de sécurité d'ouvrir le feu sur la foule à Homs et à Douma faisant au moins deux blessés dans la première ville et cinq dans la deuxième, toujours selon des témoins.
Des milliers de personnes ont également manifesté dans le centre de Damas, près de la mosquée al-Hassan avant d'être dispersées par les forces de l'ordre : un des plus importants rassemblements de rue dans la capitale syrienne depuis le début de la contestation, a rapporté un militant des droits de l'homme. Les manifestants ont scandé « liberté, liberté », « le peuple syrien est un ».
Manifestants arabes, kurdes et chrétiens
Des rassemblements ont également été observés dans les quartiers de Qaboune et de Barzé à Damas, ainsi que dans la localité de Tal et de Hasrata, proches de la capitale.
A Qamishli, des manifestants arabes, kurdes et chrétiens assyriens ont défilé devant la mosquée Qasmo, brandissant des drapeaux syriens. Certains portaient une banderole portant l'inscription « Arabes, Syriaques (chrétiens, ndlr) et Kurdes contre la corruption ».
A Deraa, où a commencé la contestation contre le régime à la mi-mars, les manifestants se sont rassemblés sur la place al-Saraya, dans le centre-ville. Les protestataires sortant des mosquées après la grande prière du vendredi, ont scandé des slogans en faveur de la liberté, en hommage aux martyrs, et appelant à la dissolution des services de renseignement et des poursuites judiciaires contre leurs membres.
Avec AFP