Egypte : colère et inquiétude des coptes après l'attentat d'Alexandrie

Le président Moubarak promet de traquer les auteurs de l'attentat contre une église copte d'Alexandrie qui a fait 21 morts, près de 80 blessés, la nuit du Nouvel an. L'attentat n'a pas été revendiqué, les autorités soupçonnent un kamikaze commandité de l'étranger. Insuffisant pour calmer l'inquiétude et la colère des coptes, la plus importante communauté chrétienne au Moyen-Orient. La foule a refusé les condoléances du président  Moubarak.

Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti

La colère des chrétiens d’Egypte continue de monter. Après la colère contre l’attentat, c’est maintenant le temps de la colère contre les autorités. Des autorités qui ont organisé des funérailles collectives pour les 21 morts dans l’attentat de l’église d’Alexandrie. Au moins 5 000 personnes ont assisté samedi aux funérailles des victimes. 

Dix sept ambulances transportant les dépouilles se sont rendues au cimetière copte de Borg el-Arab à 30 km à l’ouest d’Alexandrie au milieu de mesures de sécurité draconiennes. Une manière d’empêcher les chrétiens d’organiser des funérailles au cimetière de Chatbi, au centre d’Alexandrie, de peur, officiellement, des désordres. Une mesure qui a poussé de jeunes coptes à s’accrocher sporadiquement avec les forces de l’ordre autour des lieux du drame.

La colère chrétienne est aussi due à la découverte d’un message sur un blog jihadiste éphémère qui appelle les musulmans à faire sauter les églises à l’occasion des fêtes de fin d’année. Le blog donne toutes les adresses des églises d’Egypte y compris celle de l’église de Sidi Bishr où l’explosion a eu lieu. Le site justifie l’appel à faire sauter les églises par la détention supposée par l’Eglise de deux chrétiennes qui se seraient converties à l’islam.

Vendredi encore, à une douzaine d’heures de l’attentat, des manifestations avaient eu lieu à la sortie de mosquées d’Alexandrie pour réclamer la libération des deux femmes « de gré ou de force ».

Réactions d'indignation dans le monde

La communauté internationale est indignée. En Europe, la France, la Grande-Bretagne et l'Italie ont fermement condamné l'attaque. Nicolas Sarkozy a dénoncé « un crime aveugle et lâche ».

A Rome, le pape Benoît XVI a demandé aux dirigeants du monde de défendre les chrétiens et a annoncé la tenue en octobre prochain à Assise d'une rencontre interreligieuse pour la paix dans le monde.

De son côté, Barack Obama a déclaré que les auteurs n'avaient « aucun respect pour la vie et la dignité humaine » et promet l'aide américaine.

Au Proche-Orient, de l'Iran à la Syrie, en passant par le Liban, Israël, tous ont également dénoncé l'attentat. L'Autorité palestinienne et le Hamas condamnent aussi, chacun de leur côté. Mahmoud Abbas appelle même à organiser des messes en hommage aux victimes, dans les églises palestiniennes.

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