L’espoir formulé par le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, c’est de pouvoir, comme il est d’usage, offrir une réciproque palestinienne au geste brésilien. Mais cela risque de rester très longtemps un vœu pieu. Mahmoud Abbas ne dispose pas en effet de l'autorité nécessaire pour disposer du terrain palestinien où construire une ambassade du Brésil. Surtout s'il s'agit de l'installer à Jérusalem-Est, la capitale rêvée d'un Etat palestinien de plus en plus hypothétique.
Depuis la signature des accords d’Oslo en 1993, dix-sept années en effet sont passées sans jamais voir les pourparlers de paix avancer d’un iota dans le sens souhaité par les Palestiniens, à savoir la restauration de leurs souveraineté sur les territoires qu’ils occupaient en 1949, en Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem, décrétée capitale éternelle de l’Etat hébreu. Bien au contraire, le nombre des colonies juives a doublé dans les territoires palestiniens réduits à une peau de chagrin, ou plutôt de léopard tant les enclaves israéliennes font taches, au mépris de la viabilité réclamée par des résolutions internationales, sans effets.
Jouer la carte de la déclaration d'indépendance unilatérale
En 2010, les pourparlers de paix ont en effet une fois de plus capoté sur la poursuite de la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem. Pire encore, deux ans après l’avènement de Barack Obama à la Maison Blanche où il avait décrété le dossier israélo-palestinien prioritaire, Washington vient officiellement de renoncer à en exiger le gel de la construction immobilière israélienne qui annexe inexorablement de nouveaux pans de terres arables ou de bâtisses palestiniennes.
Sollicitée pour redonner espoir après le lâchage américain, l’Europe a poliment répondu qu’elle reconnaîtrait un Etat palestinien « en temps opportun ». Avant de remettre une fois de plus le dossier sur la table du Conseil de sécurité, Mahmoud Abbas en a donc été réduit à jouer la carte de la déclaration d'indépendance unilatérale qu’il brandissait dans l’espoir vain d’amener Israël à assouplir ses positions. Son illustre prédécesseur, Yasser Arafat l'avait déjà fait en 1988, sans résultat probant, malgré la réponse positive à l'époque d'une centaine de pays arabes, communistes ou non-alignés.
Israël qualifie les reconnaissances de « décision mal avisée »
Aujourd'hui encore, ce sont des Etats du Sud, Amérique latine en tête, qui se sont portés aux côtés des Palestiniens. Le Brésil, l'Argentine, la Bolivie et l'Equateur d'abord. Le Chili, le Mexique, le Pérou et le Nicaragua seraient tout prêts eux aussi à reconnaître un Etat palestinien dans les frontières qui prévalaient avant l'expansion israélienne de la guerre de 1967. L’Etat hébreu s’en agace et lance sa machine diplomatique contre ce qu’il qualifie de « décision extrêmement mal avisée ».
Au passage, Israël égratigne le Brésil, un pays dont l’Etat hébreu peut difficilement ignorer l’ascension économique parmi les BRIC. Un pays dont le président sortant Lula da Silva ne passe pas vraiment pour un plaisantin et qui ne manque pas non plus d’ascendant moral au plan international.