Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh
Le chef du Hezbollah était laconique et menaçant. Hassan Nasrallah a annoncé la fin de toute coopération entre son parti et les enquêteurs du Tribunal spécial pour le Liban, chargés de faire la lumière sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri. Il a invité les dirigeants politiques libanais et toute la population à en faire de même.
Cette décision intervient au lendemain d’un violent incident qui a opposé deux enquêteurs internationaux à des dizaines de femmes, dans la clinique d’une gynécologue, dans la banlieue sud de Beyrouth. Les enquêteurs souhaitaient consulter les dossiers médicaux de certaines patientes. Ils en ont été empêchés par la foule en colère qui les a expulsés manu militari, avant de s’emparer de la sacoche de l’un d’eux.
Pour Hassan Nasrallah, c’est la goutte qui fait déborder le vase. « Il s’agit d’une question d’honneur et de dignité. Nous n’accepterons pas que l’on touche à nos mères, femmes, filles et sœurs », a-t-il martelé. Selon lui, la perquisition dans cette clinique féminine fréquentée par des membres de familles de dirigeants du Hezbollah ne sert en rien les investigations sur le meurtre de Rafic Hariri. Il a accusé les enquêteurs de collecter toutes sortes d’informations sur le Liban et le Hezbollah pour le compte d’Israël. Ceux qui, au Liban et ailleurs, coopèrent avec les enquêteurs, complotent contre la résistance, a-t-il dit.
Une intervention de quelques minutes seulement, mais qui inaugure une nouvelle étape dans la crise libanaise : désormais, entre le Hezbollah et Tribunal international, c’est la guerre ouverte.