Présidentielle au Brésil : Marina Silva pourrait créer la surprise

Dans Appels sur l’actualité, un auditeur revient sur la très populaire écologiste Marina Silva, qui risque de jouer les trouble-fêtes face à Dilma Rousseff, lors de la présidentielle du 5 octobre prochain. Elle se lance dans la course sous la bannière du Parti socialiste brésilien, avec qui elle est alliée, après la mort tragique de son candidat naturel, Eduardo Campos, mi-août, dans un accident aérien. Selon un dernier sondage, elle battrait la présidente sortante au second tour.

Qui est Marina Silva ?
Marina Silva, c'est tout d’abord une histoire, un personnage romanesque. Fille pauvre, elle est issue d’une famille de récolteurs de caoutchouc, ceux qu’on appelle les seringueiros et qui vivent dans l’Acre, un petit Etat au Nord du Brésil. Orpheline très jeune, elle part à la capitale où elle travaille comme domestique pour payer ses études. Elle réussit et obtient un diplôme en Histoire. C’est à l’université qu’elle commence à s’intéresser à la politique et à la protection de l’environnement. Elle s’engage dans la protection de la forêt amazonienne, marche main dans la main avec le regretté Chico Mendes contre la déforestation, et s’engage au Parti des travailleurs du futur président Lula. Elle fait son chemin et devient la première sénatrice seringueira du Brésil pendant le gouvernement Lula. Un vrai évènement. Ministre de l’Environnement de 2003 à 2008, elle décide de quitter le PT avec lequel elle est en désaccord sur les politiques à mener en la matière. Ce parcours, c’est seize ans de sa carrière politique. 

Comment s'explique sa popularité dans les sondages ?
En 2010, elle brigue pour la première fois la présidence du Brésil sous le drapeau du Parti des Verts. Et là, c’est la surprise, l’étonnement ! Marina obtient 20 millions de votes : c’est énorme ! Il faut rappeler qu’elle est évangéliste, liée au lobby religieux le plus puissant du pays, l’Assemblée de Dieu. Tout ce succès incite la candidate à fonder son propre parti, le « Réseau durable », en vue de la présidentielle de 2014. Mais, faute de signatures, elle accepte d’être la seconde derrière Eduardo Campos, le candidat du Parti socialiste du Brésil, le PSB, et qui est issu d’une famille de politiciens. Puis, c’est le tsunami ! Eduardo meurt avec son équipe de campagne dans un accident d’avion le 13 août et Marina prend sa place. Deuxième tsunami : Marina monte à 21 % d’intentions de vote dans les sondages, au coude à coude avec sa principale rivale, la présidente Dilma Rousseff. Or, Eduardo Campos était en 3è place avec 8 %. Le dernier sondage réalisé montre même Marina en tête au deuxième tour.

Quelles sont ses priorités pour le Brésil ?
Son programme est basé sur ce qu’elle appelle la « nouvelle politique ». L’économie est très liée aux politiques environnementales et au développement durable ; elle privilégie aussi l’éducation et la santé…

La présidente sortante, Dilma Rousseff, va-t-elle modifier sa stratégie de campagne ?
Sans doute. Le scénario qui se dessine a de quoi affoler ses responsables. Dilma Rousseff va certainement essayer de séduire les électeurs du Nord-est, deuxième pôle catalyseur d’électeurs après le Sud-est. Une région très attachée aussi à l’ex-président Lula qui fut son protecteur.

Par Leticia Constant

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