De nouveau sous le feu des projecteurs, le week-end dernier, Jérôme Kerviel s’est directement adressé au chef de l’Etat français pour obtenir une immunité en faveur d’éventuels témoins dans son dossier. Pourquoi une telle requête ?
Jérôme Kerviel défend une thèse, la thèse consistant à dire que la Société Générale savait et laissait faire. Et il sous-entend que des cadres de la banque pourraient conforter cette thèse et préfèrent se taire sous peine de représailles. C’est une thèse fumeuse et qui ne tient pas la route une seule seconde. Jérôme Kerviel a été jugé à deux reprises contradictoirement au cours de deux procès équitables. Il a bénéficié d’une instruction menée par un magistrat de renom, Renaud Van Ruymbeke. Enfin, le dossier a une nouvelle fois été examiné par la plus haute autorité judiciaire qu’est la Cour de cassation. Mieux, il a été défendu en première instance par un des meilleurs cabinets d’Europe, le cabinet Metzner, qui n’a rien trouvé... La réalité est beaucoup plus prosaïque : Jérôme Kerviel est un fraudeur. Il a misé 50 milliards d'euros sur les marchés, en dehors de tout mandat. Il a truqué les chiffres dans le système de données. Il a produit des faux mails pour tromper sa direction…
En même temps, il dit que la Société Générale savait et qu’elle est également responsable ?
Quand on est face à une vérité qui est trop forte et qu’on n’a plus d’argument, on brandit la thèse du complot. C’est ce qu’il fait. C’est ce que fait son avocat, David Koubbi, qui visiblement est bien plus habile devant les caméras que dans un prétoire. C’est l’énergie du désespoir. Jérôme Kerviel tente de faire croire qu’il est la victime d’un complot mondial. C’est faux ! Il n’a jamais réussi à prouver sa bonne foi. Apriori, en France, on bénéficie d’une justice équitable, avec une instruction qui est menée contradictoirement à charge et à décharge. Il en a résulté que Jérôme Kerviel est bien un fraudeur et il est condamné définitivement pour cela.
Que peut faire le Président de la République ?
Pas grand-chose. En vertu de la séparation des pouvoirs, il ne peut interférer dans une décision de justice. La seule chose que peut faire Jérôme Kerviel aujourd’hui, c’est de demander une grâce auprès du Président.
Il a dit ne pas vouloir demander la grâce présidentielle ?
Dans ce cas-là, il n’a plus beaucoup d’issue.