Affaire Jérôme Kerviel : retour sur une histoire rocambolesque

Dans Appels sur l’actualité, un auditeur de Bangui demande des précisions sur l'épisode très médiatisé du retour en France le week-end dernier de Jérôme Kerviel, l'ancien trader. Depuis Vintimille, en Italie, où il était arrivé le 17 mai, et à 100 mètres de la frontière française, il s’est directement adressé au président François Hollande. Devant une forêt de caméras, il lui a demandé d’accorder l’immunité à d’éventuels témoins dans son procès, dénonçant au passage des « dysfonctionnements judiciaires » dans le traitement de son dossier. Mais finalement, six ans après sa première mise en détention provisoire, Kerviel a retrouvé le chemin de la prison, à Nice, où il a été écroué le 19 au matin.

De nouveau sous le feu des projecteurs, le week-end dernier, Jérôme Kerviel s’est directement adressé au chef de l’Etat français pour obtenir une immunité en faveur d’éventuels témoins dans son dossier. Pourquoi une telle requête ?
Jérôme Kerviel défend une thèse, la thèse consistant à dire que la Société Générale savait et laissait faire. Et il sous-entend que des cadres de la banque pourraient conforter cette thèse et préfèrent se taire sous peine de représailles. C’est une thèse fumeuse et qui ne tient pas la route une seule seconde. Jérôme Kerviel a été jugé à deux reprises contradictoirement au cours de deux procès équitables. Il a bénéficié d’une instruction menée par un magistrat de renom, Renaud Van Ruymbeke. Enfin, le dossier a une nouvelle fois été examiné par la plus haute autorité judiciaire qu’est la Cour de cassation. Mieux, il a été défendu en première instance par un des meilleurs cabinets d’Europe, le cabinet Metzner, qui n’a rien trouvé... La réalité est beaucoup plus prosaïque : Jérôme Kerviel est un fraudeur. Il a misé 50 milliards d'euros sur les marchés, en dehors de tout mandat. Il a truqué les chiffres dans le système de données. Il a produit des faux mails pour tromper sa direction…

En même temps, il dit que la Société Générale savait et qu’elle est également responsable ?
Quand on est face à une vérité qui est trop forte et qu’on n’a plus d’argument, on brandit la thèse du complot. C’est ce qu’il fait. C’est ce que fait son avocat, David Koubbi, qui visiblement est bien plus habile devant les caméras que dans un prétoire. C’est l’énergie du désespoir. Jérôme Kerviel tente de faire croire qu’il est la victime d’un complot mondial. C’est faux ! Il n’a jamais réussi à prouver sa bonne foi. Apriori, en France, on bénéficie d’une justice équitable, avec une instruction qui est menée contradictoirement à charge et à décharge. Il en a résulté que Jérôme Kerviel est bien un fraudeur et il est condamné définitivement pour cela.

Que peut faire le Président de la République ?
Pas grand-chose. En vertu de la séparation des pouvoirs, il ne peut interférer dans une décision de justice. La seule chose que peut faire Jérôme Kerviel aujourd’hui, c’est de demander une grâce auprès du Président.

Il a dit ne pas vouloir demander la grâce présidentielle ?
Dans ce cas-là, il n’a plus beaucoup d’issue.

 

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