L’Europe et les Etats-Unis peuvent-ils se permettre d’infliger ces sanctions à la Russie ?
Le problème, c'est que dès la signature de cet accord, en raison de l'escalade des événements, les Etats-Unis et les Européens ont douté de la bonne foi de la Russie. Et ils ont prévenu qu’il y aurait de nouvelles sanctions s'ils ne voyaient pas d'amélioration réelle de la situation. Les Occidentaux ont privilégié les sanctions diplomatico-financières, et notamment le gel des avoirs des responsables russes et ukrainiens pro-russes. Les sanctions renforcées des Américains visent les personnes et les entreprises liées au président russe, et concernent en particulier la Défense.
Jusqu'à présent, les sanctions ont épargné le secteur de l'énergie…
Oui, mais cette situation pourrait changer. Moscou menace de couper le gaz à l’Ukraine à partir du 1er juin prochain, si celle-ci ne règle pas ses arriérés : une dette qui s’élève à 3 milliards 500 millions de dollars. Pour autant, l'impact économique de ces sanctions sera probablement sectoriel et limité. En revanche, l'effet politique pourrait être plus lourd. Malgré un soutien sans condition dont jouit Poutine auprès des Russes, les capitaux fuient le pays et les investisseurs hésitent à investir en Russie. La réaction des marchés pourrait bien mettre l'économie russe en difficulté supplémentaire.
Dès lors, comment la Russie organise-t-elle sa riposte ?
Pour le moment, les Russes ne peuvent pas faire sans l'Occident. La création d'une zone de jeux en Crimée ou d'une carte de crédit russe indépendante des géants américains n'est pas une réponse. Et le projet d'une zone économique russo-asiatique peine à voir le jour par manque de financement. Le Kremlin a répondu qu'il prendrait des mesures de rétorsion, sans donner plus de détails. La menace de couper le robinet du gaz est constamment brandie. Mais dans cette affaire, les deux parties ont bien besoin l'une de l'autre. Les exportations de produits énergétiques vers l'Europe assurent l'essentiel du commerce extérieur de la Russie, et une large part de son PIB. Dans ce contexte, l'alliance russo-chinoise est envisagée comme une alternative par Moscou. Pour le pétrole, la Chine est désormais le premier client de la Russie, et les livraisons de gaz russe vers la Chine et d'armement chinois vers la Russie augmentent. Pékin et Moscou souhaitent à la fois protéger leurs sphères d'influence et incarner un nouvel ordre mondial centré sur l'Asie et les pays émergents.