En Egypte, le président déchu Morsi devant la justice, ses partisans ne désarment pas

A quelques jours de la reprise du procès de Mohamed Morsi, les manifestations de ses partisans sont quasi-quotidiennes en Egypte. Désormais déclarée organisation terroriste, la confrérie des Frères musulmans est plus que jamais la cible d’une répression sans merci. Issu de leur rang, le président destitué Morsi, est poursuivi pour « incitation au meurtre de manifestants, espionnage et… évasion de prison ».

Depuis son arrestation et sa destitution par l’armée le 3 juillet 2013, Mohamed Morsi est détenu au secret. Mais les membres de son parti Liberté et Justice, face politique des Frères musulmans, n’ont jusqu’à ce jour cessé de manifester pour réclamer le retour au pouvoir de celui qui est le premier président égyptien élu.

La peur de l’attentat

Durement réprimée, la confrérie dénombre déjà un millier de morts dans ses rangs ainsi que des milliers d’arrestations et notamment celles de la quasi-totalité des membres de la direction des Frères musulmans. Dernier coup dur pour les islamistes, que le pouvoir espère même fatal, leur classement comme organisation terroriste, ce 25 décembre, suite à un attentat à la voiture piégée contre le quartier général de la police de Mansoura, qui a fait 15 morts. La condamnation de cette attaque par les Frères musulmans n’y a rien fait ; désormais le simple fait d’appartenir à cette organisation et de manifester peut valoir jusqu’à cinq ans de prison à ses adeptes, au même titre que la possession de publications ou d’enregistrements diffusés par la confrérie.

Dès lors, l’appel à une « semaine de manifestation de colère révolutionnaire » a reçu un écho certain, comme en témoigne le nombre de protestations à travers le pays. Dimanche 29 décembre, une bombe artisanale a explosé près d’un bâtiment des renseignements militaires, au nord-est du Delta, faisant 5 blessés légers. Au Caire, des accrochages ont eu lieu entre des étudiants partisans des Frères musulmans et les forces de l’ordre à l’université islamique d’Al-Azhar et près du siège du ministère de la Défense.

La crainte de l’attentat à la bombe s’installe dans la population alors que les alertes se multiplient, notamment au Caire et à Alexandrie. Dépités et excédés, les Egyptiens renvoient dos à dos les Frères musulmans et le gouvernement transitoire, taxé d’impuissance. Au même moment et dans un bel ensemble, radios et télévisions participent à la mise au ban de la confrérie en évoquant la guerre en cours contre les « Frères terroristes ».

Appel aux pays frères

L’Egypte ne se contente pas de mener la vie dure aux Frères musulmans à l’intérieur de ses frontières. Elle a ainsi demandé le 30 décembre aux pays arabes, par le biais de la Ligue arabe, de prendre des mesures contre l’organisation islamiste désormais déclarée terroriste par les autorités du Caire.

Dix-huit pays de la Ligue arabe (sur 22) sont signataires du traité de 1998 contre le terrorisme. Un texte qui les engage à combattre ce fléau et à soutenir tout pays arabe qui en est victime. Du côté des Emirats, de l’Arabie saoudite ou du Koweït, l’Egypte peut attendre un soutien total.
Mais les choses se compliquent vis-à-vis du Qatar, allié financier et politique des Frères musulmans dont plusieurs dirigeants sont d’ailleurs à l’abri à Doha. Trois journalistes de la chaîne de télévision qatarienne al-Jazira, basés au Caire, ont d’ailleurs été placés en détention préventive mardi 31 décembre parce qu’ils étaient soupçonnés d’appartenir à l’« organisation terroriste » des Frères musulmans.

 

Partager :