Expositions: quand la mode se raconte au musée

L’histoire de la mode est au centre de plusieurs expositions à l’affiche actuellement en France. Si certaines ont misé sur le caractère historique des habits, d’autres ont décidé de changer le discours habituel en s’intéressant non seulement aux vêtements mais aussi à ceux qui les ont portés.

Quand Diana Vreeland, l’ancienne rédactrice en chef du magazine Vogue américain, a décidé d’exposer dans les années 1970 l’œuvre d’Yves Saint Laurent au Metropolitan Museum de New York, une première pour un créateur vivant, la mode est entrée dans les musées. Et elle n’en est plus jamais sortie. Mais ce mouvement s’est accéléré, à tel point qu'à tout moment de l’année, une exposition sur le sujet se tient en France ou à l’étranger.

Bon exemple, depuis le 7 juin, l’exposition À vos piedsconsacrée à l’évolution de la chaussure, est à l'affiche au Musée des Confluences à Lyon, et depuis avril (jusqu’au 14 août), l’impressionnante exhibitionFashion Forward, 3 siècles de Mode (1715-2016) attire amateurs d’étoffes et touristes du monde entier au musée des Arts décoratifs à Paris.

Entre cabinet de curiosités et fétichisme

Face au nombre croissant d'événements sur le sujet, chaque institution essaie de trouver une approche différente pour « faire parler » les vêtements, par le biais de son histoire mais aussi par le lien avec les personnalités de ceux qui les ont portés. C'est le cas de l'exposition Anatomie d’une collection, à l'affiche jusqu’au 23 octobre au Palais Galliera, l'autre musée de la mode de Paris. 

Le parcours a été imaginé par Olivier Saillard, le très actif directeur de l'institution, qui a le don de ritualiser la mode. C’est lui, par exemple, qui a enchanté ces dernières saisons le microcosme fashion parisien lors des performances avec la comédienne britannique Tilda Swinton, dans lesquelles elle « dialoguait » avec les archives du musée ou avec les pièces apportées par le public.

Cette fois, Olivier Saillard a réuni une centaine de pièces, vêtements et accessoires issus du fonds Galliera pour revisiter la mode du XVIIIe siècle à nos jours. Du corset de Marie-Antoinette à la robe de l’impératrice Joséphine, en passant par le manteau de la créatrice Elsa Schiaparelli, le visiteur a sa dose de célébrités historiques bien habillées. Les gants de Sarah Bernhardt et les chaussures de Sacha Guitry, ou encore l’incroyable collection de toques signées Givenchy ayant été portées par Audrey Hepburn dans les années 1960, donnent la dimension « cabinet de curiosités », un « poil fétichiste » du parcours.  

Selon Alexandra Bosc, l’un des conservateurs du Palais Galliera, le choix des habits exposés ne porte pas uniquement sur des pièces emblématiques mais aussi sur celles « qui ont parfois une valeur seulement sentimentale ou d’usage », comme les blouses de travail et les tabliers de femmes de chambre qui entourent la salle principale. Mais c’est surtout le rapport presque poétique avec leurs propriétaires qui ressort de la visite, puisque, comme l’explique le directeur du musée, ces « artefacts singuliers [constituent], par le contact étroit qu’ils entretiennent avec le corps, une sorte de double de celui ou celle qui les a portés ».

Dior mise sur les célébrités 

Un peu plus loin de la capitale de la mode, en Normandie, le Musée Christian Dior à Granville a pour sa part misé uniquement sur la personnalité des clientes célèbres de la marque. Dans Femmes en Dior, sublime élégance d'un portrait, la maison de l'avenue Montaigne replonge le public jusqu’au 25 septembre dans la garde-robe de quelques-unes des icônes de tous les horizons ayant franchi sa porte.

Issues de l'aristocratie comme les princesses Grace de Monaco ou Soraya d’Iran, du monde du cinéma comme Marilyn Monroe et Elisabeth Taylor, ou encore de la musique comme Joséphine Baker, Maria Callas et même la chanteuse Rihanna, toutes, à un moment de leur vie, ont porté les créations de la maison Dior. Mais selon l'historienne de la mode Florence Müller, commissaire générale de l’exposition, malgré le côté un peu people de la sélection, « ce ne sont pas seulement des femmes qui prennent la pose. Ce sont des femmes qui ont quelque chose de fort et d'important à dire ». Et pour certaines d'entre elles, les habits semblent être la meilleure façon de l'exprimer.

Partager :