Burkina Faso: qui sont les Koglweogo, ces milices rurales?

Des milices qui sévissent au Burkina Faso dans les zones rurales et régissent la vie locale font de plus en plus parler d'elles. Alors qui sont les membres de ces groupes d’autodéfense, les Koglweogo ? Le correspondant de RFI au Burkina, Yaya Boudani, est revenu, mercredi 17 mars, dans Appels sur l’actualité, sur leurs origines et leurs rapports avec les autorités burkinabè.

Qui sont les membres des milices des Koglweogo et que veulent-ils ?
Les Koglweogo sont des paysans, des éleveurs, qui ont décidé de se réunir au sein d’associations pour défendre leurs intérêts. Face à la recrudescence de l’insécurité dans certaines zones du pays et la présence irrégulière et en nombre insuffisant des forces de sécurité, les populations ont décidé elles-mêmes de prendre leur sécurité en mains. On trouve parmi ces groupes d’autodéfenses de Koglweogo d’anciens bandits repentis, qui ont changé de camp et décidé de se mettre du côté des populations.

Ce qu’ils veulent, c’est de travailler dans la quiétude, la sécurité. Au début, ils s’organisaient pour protéger leurs biens et leur argent. Mais de nos jours, ils ont instauré une espèce de tribunal avec leur propre code pénal, ce qui inquiète les défenseurs de droit de l’homme et les hommes de droit au Burkina.

D’où viennent les armes et les munitions qu’ils utilisent ?
Les armes utilisées sont de fabrication artisanale. Ce sont des fusils de type calibre douze, généralement. Ces fusils sont fabriqués par des forgerons locaux. Les munitions sont achetées sur le marché. Etant donné qu’à l’origine ces fusils étaient destinés à la chasse, les munitions sont disponibles sur le marché.

Quel est leur lien avec le ministère de la Sécurité et comment réagissent les autorités burkinabè à ce phénomène ?
Les autorités réagissent tant bien que mal. C’est le ministère qui délivre les récépissés pour les associations. Les Koglweogo ont commencé à se constituer en associations pour être légalement reconnus. Sur le plan professionnel ils n’ont pas de lien officiel avec le ministère de la Sécurité. Etant donné que les forces de sécurité ne sont pas présentes partout, notamment dans les villages le plus reculés de certaines zones du pays, le ministère a toléré leur présence de façon informelle. Ils peuvent servir dans le cadre de la police de proximité en remontant les informations au niveau des forces légales.

Mais maintenant que ces milices ont leur propre tribunal, cela commence à inquiéter. Donc le ministre a indiqué qu’ils devaient s’inscrire dans la légalité et ne pas exercer au-delà de leur compétence. Ils n’ont normalement pas le droit de procéder à des interpellations, à des jugements de présumés bandits ou de fixer des amendes. Or, c’est ce que ces milices font et ça commence à inquiéter.

Il y a déjà eu plusieurs réunions prévues entre certains responsables de ces milices et le ministre de la Sécurité pour essayer de voir comment est-ce qu’il fallait recadrer ces gens-là afin de pouvoir mieux canaliser leurs actions. Du reste, le gouverneur de la région de l’Est a intimé l’ordre à ces milices de libérer cette partie du pays dans les plus brefs délais.

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